– Anne-Gaëlle Daval ; 2017 –

En rémission d’un cancer du sein, Lucie tente de garder la tête hors de l’eau. Ses rencontres avec Clovis, séducteur hors pair, et Dalida, perruquière et professeure de danse, vont bouleverser son morne quotidien.

De plus belle traite du difficile thème du cancer, plaçant au cœur de son intrigue une femme rongée par le doute et les séquelles de sa maladie. Lucie, mère d’une adolescente en pleine crise existentielle, traverse une période dramatique de sa vie. Cette femme taciturne n’en perd néanmoins pas son sens de l’ironie et de l’auto-dérision pour faire face à une maladie qui continue de la tourmenter, même après l’annonce de sa guérison. Alors qu’il lui permettait d’attirer la compassion et l’amour de ses proches, le cancer ne lui laisse désormais que la peur d’un retour et une impression de vide en apparence incommensurable. Incapable de s’aimer, Lucie va faire une rencontre surprenante qui va résolument changer sa vie. Partie en quête d’une nouvelle perruque, elle fait la connaissance de Dalida, professeure de danse en complément de son travail de perruquière. Femme de caractère, incarnée par une Nicole Garcia délicieusement intraitable, elle éduque ses élèves à l’amour de soi. Se connaître, se reconnaître, apprivoiser son corps et sa personnalité font partie des préceptes de cette professeure bien particulière qui va enseigner au groupe de femmes qu’elle encadre le respect qu’elles ne s’offrent pas. Au fil des séances, Lucie s’affirme et s’accepte davantage, laissant derrière elle sa fragilité initiale. Dans ces séances de groupe, De plus belle place la femme et ses doutes au cœur de son propos, et révèle avec humour et finesse tous les carcans qui pèsent sur notre quotidien et dont se libèrent progressivement ses héroïnes.

Studio Canal

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Cette longue quête vers l’amour de soi est jalonnée de petites réussites ; que ce soit une meilleure communication entre mères et filles, le fait de s’abandonner à l’autre ; mais également de difficultés : se révéler tel que l’on est justement. Les relations familiales de Lucie, celles qu’elle entretient avec son frère, sa sœur et sa mère, ainsi que son histoire d’amour naissante permettent à celle-ci de s’affirmer progressivement en tant que femme et individu à part entière. Au cœur de ces échanges se cachent souvent des douleurs inavouées, masquées avec habileté par l’humour, utilisé avec talent par Mathieu Kassovitz et Jonathan Cohen, respectivement l’amant et le frère de l’héroïne. Les dialogues entre Lucie et son frère Frédéric sont plein de tendresse et de drôlerie, traduisant l’amour un peu gauche que se portent les deux personnages. Du côté de l’amour, tout est ici encore une question d’apprivoisement, tant les deux amants souffrent de leurs peurs secrètes. Pour l’une, la crainte d’être elle-même et de se livrer, pour l’autre la peur de s’engager et d’aimer. Cette romance nourrit le récit et permet à ses deux personnages de s’épanouir, offrant des répliques à la fois maladroites et touchantes, à l’image de leurs interprètes. Contre toute attente, le couple Foresti-Kassovitz fonctionne à merveilles et nous ravit bien des sourires.

Studio Canal

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Ce film d’Anne-Gaëlle Daval est une belle surprise et se révèle être une œuvre lumineuse, à l’image de son personnage principal qui, malgré les coups durs, ne cesse de s’épanouir. Florence Foresti touche juste et se montre d’une grande humilité, sans jamais en faire trop, usant de son talent d’humoriste avec finesse. De plus belle est un habile film consacré à l’amour de soi, quête de toute une vie.

Camille Muller

5/5 (1)

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