– Doug Liman ; 2017 –

Plus tôt dans l’année, l’un chassait piteusement la momie et faisait quelques-courses poursuites en Paris. L’autre filmait des soldats américains en proie à un sniper terriblement efficace. L’alliance entre Tom Cruise et Doug Liman s’est déjà avérée efficace par le passé : impossible d’oublier le nerveux Edge of Tomorrow, dont la suite est toujours dans les tuyaux. Les deux hommes se retrouvent cette fois pour filmer une histoire vraie, ou plutôt un énorme mensonge. American Made (renommé Barry Seal : American Traffic dans nos contrées) relate l’incroyable coup de bluff de Barry Seal, un aviateur ordinaire dont la vie bascule entre de nouvelles tâches pour… la CIA ET le Cartel de Medellín. Un rôle à la hauteur de l’acteur, qui fait (une fois de plus) le show !

De Top Gun à Top Drug

À première vue, comment rendre l’histoire de Barry Seal originale alors qu’elle reprend des thèmes historiques déjà ressassés au cinéma et à la télévision ? Avec le succès de Narcos, dont la troisième saison vient tout juste de sortir sur Netflix, la performance de Wagner Moura dans la peau du baron de la drogue Pablo Escobar reste encore dans tous les esprits. Du coup, les acteurs présents dans Barry Seal sont loin d’avoir la même aura que ceux de la série. Mais qu’importe, puisqu’ils n’ont pas vertu à voler la vedette à Tom Cruise, dont le personnage se voit constamment pris entre deux feux, non conscient de ce dans quoi il s’engage.

Universal Pictures Releasing France

Et c’est là que repose tout le génie du film de Doug Liman : faire d’une incroyable partie de l’histoire américaine quelque chose de complètement farfelu et démesuré, dont beaucoup d’enjeux nous échappent. « Vous vous demandez pourquoi je m’en suis sorti ? Eh bien moi aussi », nous dit Barry Seal alors qu’il se pensait au fond du trou. Entre Guerre Froide, lutte contre le trafic de drogue et espionnage, tout est simplifié au possible (les dessins enfantins sur la carte du monde remplacent les schémas et archives historiques « sérieux » du film de ce genre) par un Barry Seal désireux de raconter SON histoire. Tom Cruise s’adresse de multiples fois à son spectateur, qu’il s’agisse de sa femme pour qui il enregistre des cassettes, mais aussi au public, par ses autres regards caméras.

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Big Little Lie

La grandiloquence est sans aucun doute ce qui caractérise le plus cette improbable histoire. La relation entre Barry et sa femme Lucy, incarnée par Sarah Wright, en est le fil conducteur : c’est entre eux que commence ce jeu de petits mensonges, qui, accumulés les uns aux autres, accordent à Barry une vie de roi et de l’argent qui tombe du ciel, comme les paquets de poudre. Le couple s’envoie en l’air, au sens propre comme au sens figuré, et vit dans un luxe par lequel ils se sentent peu à peu dépassés. Barry a beau mener son affaire à la baguette, ce n’est pas lui qui porte la culotte à la maison : ces moments de dispute entre lui et Lucy, tantôt comiques, tantôt touchants, donnent à voir un personnage féminin bien plus complexe et intéressant que lors de ses premières apparitions.

Barry Seal – American Traffic déjoue les travers et clichés du biopic habituel en se jouant constamment de ses codes et les tournant au ridicule. Ce qui permet à Tom Cruise de sortir enfin de son rôle d’Action Man sans failles : si l’acteur fait le show, comme à son habitude, il ne bascule pas dans la surenchère (contrairement à La Momie) et prouve cette fois-ci qu’il était l’acteur idéal pour le rôle…

Gabin Fontaine

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