-L. Lévy, 2017-

Adaptation libre de la pièce de Jules Romain, Knock raconte l’arrivée d’un médecin noir dans un petit village de montagne dans les années 50.

L’obsession de la médecine

Il faut noter tout d’abord que la réalisatrice et scénariste Lorraine Lévy a fait le choix de ne pas développer la question de la couleur de peau du personnage de Knock. Il n’y a pas de grands développements sur le racisme. Bien que mentionné au début du film, Knock ne fera pas face à des réactions violentes d’intolérance au cours de l’oeuvre. Cela permet à Lévy de se concentrer sur la question de la médecine et de la vision qu’en a Knock. Il considère en effet que toute personne bien portante est un malade qui s’ignore. En partant de ce postulat, il pousse la pratique de la médecine à l’extrême en soignant les vrais maux et en cherchant, parallèlement, des fausses maladies aux gens en bonne santé. Doté d’un talent certain de manipulation, il convainc ses patients de la nécessité de visites plus ou moins régulières.

Très vite, les motivations de Knock sont questionnées. L’œuvre ne laisse aucun doute quant à l’approche très commerciale de la médecine incarnée par ce praticien. Ce dernier développe son activité, en lien avec le pharmacien et les deux hommes se rencontrent, de façon régulière, pour discuter de techniques en vue d’augmenter leur chiffre d’affaires. La médecine devient donc un outil qui doit servir l’intérêt des deux professionnels, au détriment des patients que Knock qualifie même de « clients ». Pour autant, le but n’est pas de livrer un portrait absolument péjoratif du médecin. C’est un personnage complexe, qui cherche aussi une revanche sociale, lui qui est un ancien voyou, originaire d’un milieu pauvre. D’ailleurs, sa vision de la médecine comme un business ne l’empêche pas d’être sensible à une certaine justice sociale, proposant des consultations gratuites hebdomadaires pour que les foyers les moins aisés puissent profiter des soins sans que cela ne pèse trop sur leur budget.

Mars Films

Quoi qu’il en soit cet homme concentre l’attention, chacun se demandant ce qu’il a de plus que les autres. Ce médecin fascine, à l’exaspération du prêtre qui perd de son influence sur la communauté villageoise et se persuade que ce médecin a des choses à cacher. Un religieux qui va en outre tout faire pour le décrédibiliser. Il apparaît ainsi, par extension, une tension entre un ordre traditionnel et une vision progressiste de la société qui n’est pas résolu à la fin du film et qui laisse ouverte la question d’une possible cohabitation entre ces deux ici antagonistes.

Une comédie agréable

Si le sujet du film est relativement sérieux, cela n’a pas empêché Lorraine Lévy d’y intégrer une dose d’humour, qui passe notamment par la myriade de personnages secondaires hauts en couleur : entre le facteur un peu trop porté sur la boisson, la riche veuve très franche dans ses propos ou encore la fermière qui a tendance à tout dramatiser, l’œuvre ne manque pas d’occasions pour mettre en scène des situations comiques.

Mars Films

Les acteurs par ailleurs, jouent un grand rôle dans la réussite de Knock. En effet, Lorraine Lévy a su s’entourer d’interprètes talentueux à commencer par Omar Sy qui prouve encore une fois sa facilité à jongler entre registre comique et dramatique dans un même film. Alex Lutz incarne quant à lui avec brio le prêtre. On peut également souligner la prestation de Christian Hecq qui donne une dimension très touchante au facteur dans ses maladresses comiques.

En définitive, Knock pose, avec beaucoup de justesse, la question des progrès de la médecine et de ses limites. L’œuvre jongle entre sujets sérieux et humour avec une facilité déconcertante et s’offre comme un film à la fois passionnant et divertissant servi par un casting convaincant.

Amélie G.

 

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