-Guillaume Gallienne, 2017-

Après être passé par l’opéra, Guillaume Gallienne signe son grand retour dans les salles avec Maryline, un film dont l’héroïne est une actrice qui a des difficultés à s’exprimer.

Un drame où le silence est roi

Maryline est une jeune fille avec des rêves plein la tête. Elle quitte son petit village et «monte à Paris» en espérant pouvoir faire carrière dans le cinéma. Si la jeune blonde dégage une grâce naturelle qui attire les réalisateurs, elle rencontre tout de même un souci : la parole lui manque. Dès qu’elle doit sortir une réplique, elle n’y arrive pas. Évidemment, cela freine sa carrière. Le film suit ainsi le parcours de cette femme mystérieuse, parlant peu autant devant une caméra que dans la vie. En ce sens, on peut souligner la très belle performance d’Adeline d’Hermy, qui arrive avec brio à interpréter ce rôle majoritairement silencieux. Son regard seul suffit à exprimer l’émotion. On ressent le combat qu’elle mène contre elle-même et ses soucis d’élocution, elle montre à quel point cela l’atteint, on peut discerner sa tristesse voire même, son désespoir. C’est une évidence : Adeline d’Hermy crève l’écran !

Gaumont Distribution

En outre, ce qui ressort de ce long-métrage est le fait que Maryline est un personnage désespérément seul. Ayant vécu une enfance difficile, elle doit apprendre à ne compter que sur elle-même très rapidement. Une fois arrivée à Paris, elle est confrontée au monde sans pitié du cinéma, où il lui est difficile de se trouver des alliés. Mais elle finit par croiser la route de Jeanne (joué par Vanessa Paradis), lors d’un tournage. Jeanne va alors devenir sa «bonne fée» et arriver à percer la carapace de Maryline. On peut ainsi séparer ce film en deux grands chapitres. Une première partie raconte les difficultés auxquelles elle se heurte pour avancer dans sa carrière, dues à son problème de parole. Une seconde, marquée par l’intervention de Jeanne, apporte plus d’espoir et montre un personnage qui semble enfin trouver sa voie.

Des thèmes qui manquent d’originalité

Même si on ne peut nier le charisme du personnage de Maryline, le film n’est pas exempt de défauts. D’abord, Jeanne qui se révèle pourtant importante dans la vie de Maryline à un instant donné, ne doit être présente qu’une petite quinzaine de minutes au total. Alors qu’on s’attend à ce que la relation des deux femmes soit plus développée, Jeanne est expédiée dans l’oubli suite à une ellipse, ce qui est regrettable à la vue du potentiel scénaristique du personnage.

Gaumont Distribution

Par ailleurs, le thème de la solitude a tant été utilisé dans diverses œuvres qu’il finit par s’user. Maryline est le parfait archétype de la personne qui se sentira toujours relativement seule et mélancolique, même lorsqu’elle est entourée. Ce sujet est un classique au cinéma (et dans l’art en général), Guillaume Gallienne n’arrivant pas à en faire un élément surprenant, rendant cette thématique plus lassante qu’autre chose.

Enfin, le metteur en scène a fait le choix de représenter une fille de la campagne, d’origine modeste comme personnage principal. Et on peut regretter la présence d’une version encore très clichée et relativement péjorative des «bleds» de campagne, où la grande majorité de la population a plus de 60 ans, possède un état d’esprit assez fermé et où en plus il n’y a aucun avenir pour les jeunes qui ne souhaitent qu’une chose : fuir en ville.

En définitive, malgré le jeu assez époustouflant d’Adeline d’Hermy et le thème principal assez original du mutisme dans un métier qui requiert d’avoir bon usage de la parole, Gallienne échoue à créer une dynamique intéressante et livre un film assez plat, lent et quelque peu soporifique.

Amélie G.

4/5 (1)

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