-Marie Dumora, 2018-

La réalisatrice Marie Dumora nous offre une plongée des plus intimes dans la vie de Belinda. Entre une enfance en foyer et une adolescence à voyager entre Colmar, lieu de vie de sa mère, et Mulhouse, où habite son père, elle a une histoire particulière.

Le parcours d’une battante

Belinda est un documentaire qui retrace le parcours d’une femme qui, dès l’enfance, n’a pas la vie la plus simple. Le long-métrage nous la présente à 3 âges différents : 9, 15 et 23 ans.

A 9 ans, elle vit dans un petit village typique d’Alsace. Avec une de ses sœurs, Sabrina, Belinda vit en foyer, avec l’accord de leur mère, qui ne peut pas s’occuper d’elles dans des conditions optimales. Dès cet âge, la jeune fille ne mâche pas ses mots et explique avec un calme déconcertant sa fugue du foyer avec sa sœur, elle n’exprime jamais une seule once de regret. On la retrouve ensuite à 15 ans. Elle vit à Colmar, dans un appartement avec sa mère, ses frères et ses sœurs. Elle rêve de travailler dans la mécanique et fait des voyages fréquemment à Mulhouse pour rendre visite à son père. Elle se voit comme une femme libre, indépendante et ne veut pas entendre parler de garçons. Enfin, on la suit lorsqu’elle atteint l’âge de 23 ans. Follement amoureuse de Thierry, elle est en train de planifier son mariage.

Quelle que soit la période de sa vie, Belinda garde son caractère bien trempé et se bat contre la vie et les obstacles sur son chemin afin de toujours atteindre son but. Elle ne roule pas sur l’or et pourtant elle ne se plaint jamais. Même lorsqu’elle est arrêtée par la police après avoir franchi la limite de la légalité pour se procurer de l’argent pour ne pas finir les fins de mois dans la misère, elle ne râle pas. Elle accepte son sort et apprend de ses erreurs pour rebondir. Jamais elle ne s’enterre dans un déterminisme social comme beaucoup d’individus de son environnement social peuvent le faire. Elle pourrait perdre l’envie de sortir de cette place à laquelle cette société veut l’assigner, tomber dans la délinquance comme un de ses frères mais elle refuse l’abandon et tente, coûte que coûte, de construire une vie stable. Son optimisme à toute épreuve en deviendrait presque une leçon inculquée au spectateur qui peut finir par ressentir une admiration profonde pour cette femme qui ne se laisse jamais abattre.

New Story

Un documentaire fort

Le film est divisé en plusieurs petites scènes de 5 à 10 minutes maximum. Il ressort de cet art du montage, l’impression de regarder des extraits de films de famille. On pourrait presque en oublier qu’on se trouve dans un cinéma et pas dans un salon, entouré par la famille à ressasser des moments de vie. En outre, les dialogues sont présents de façon minimum, Marie Dumora y préfère l’expressivité de l’image. Gros plan sur les visages, jeu sur les lumières ou encore sur l’angle de la caméra, la réalisatrice utilise avec beaucoup d’intelligence son cadre. Il y a, par exemple, une scène où Marie Dumora filme Belinda et Thierry à la fête foraine. Grâce aux lumières bleutées des attractions couplées aux lumières du ciel à la tombée de la nuit, elle crée un cadre très romantique qui favorise le sentiment de tendresse que l’on peut ressentir envers les deux amoureux.

Finalement, le maître mot de ce documentaire est la sincérité. Marie Dumora filme, au plus près, les étapes importantes de la vie de Belinda et permet d’offrir de vrais moments de cinéma comme lorsque son père lui raconte l’histoire de la rencontre des grands-parents de Belinda, durant la Seconde Guerre Mondiale, qui est une scène très simple et pourtant forte en émotion.

En définitive, Belinda est un film documentaire qui nous invite à nous impliquer émotionnellement pour les personnes que nous montre la réalisatrice. Elle raconte avec beaucoup de pudeur la vie d’une jeune femme forte, qui, en fin de compte, ne recherche qu’une chose : le bonheur.

Amélie G.

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