Quasiment huit ans après sa publication, Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates se voit adapté au cinéma. Best-seller international, le roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows nous laisse suivre la correspondance épistolaire entre une auteure, Juliet Ashton et son entourage. Elle y oartage ses craintes de ne pas trouver de nouveau sujet d’écriture, ses romances… Jusqu’au jour où elle se retrouve mêlée à l’île de Guernesey et son histoire par un heureux hasard.

Londres, 1946. Juliet Ashton, une jeune écrivaine en manque d’inspiration reçoit une lettre d’un mystérieux membre du Club de Littérature de Guernesey créé durant l’occupation. Curieuse d’en savoir plus, Juliet décide de se rendre sur l’île et rencontre alors les excentriques membres du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates dont Dawsey, le charmant et intriguant fermier à l’origine de la lettre. Leurs confidences, son attachement à l’île et à ses habitants ou encore son affection pour Dawsey changeront à jamais le cours de sa vie.

Déjà largement traité au cinéma, le thème de l’après-guerre trouve une certaine forme de renouveau à travers Le cercle littéraire de Guernesey. Le roman jouait déjà sur sa forme, uniquement composé de lettres échangées entre les divers personnages. Le film se charge donc de donner vie à ces échanges et nous emmène bien plus vite sur l’île de Guernesey. C’est de ce lieu que provient aussi toute l’originalité de cette histoire, puisqu’il s’agit du seul territoire britannique à avoir été occupé par l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre Mondiale. Qui dit « occupation » dit « restrictions », mais aussi « résistance ». Et sur cette petite île, il est encore plus ardu d’échapper à l’ennemi. Encore plus lorsque tout le monde se connaît, raconte des histoires, se nuit aux uns et aux autres… ou se soutient, bien heureusement.

Il sera donc question d’apprendre à connaître les habitants de cet île, mais aussi les lourds secrets qu’ils gardent avec eux. Le personnage de Juliet Ashton, incarné par Lily James (qui a définitivement bien fait d’apprendre à maîtriser la machine à écrire après Les Heures sombres), a elle aussi ses zones d’ombre et ses traumatismes. Tous ces personnages se rassemblent à cause de ce deuil commun, partagent les mêmes fêlures et apprennent à se connaître. Le talent de Mike Newell est de rassembler ces hommes et ces femmes et de leur réapprendre à vivre : Le Cercle Littéraire de Guernesey apparaît alors comme une thérapie, la venue de Juliet étant le moment idéal pour se débarrasser de ce qui leur pèse sur le cœur.

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La réussite du film tient en son mélange des tons, entre drame et comédie, à travers sa palette de personnages variés et attachants. L’intrigue semble des plus balisées à première vue : un triangle amoureux des plus communs se trouve au centre de l’intrigue de Juliet, mais notre héroïne s’émancipe peu à peu de ceux qui souhaitent prendre des décisions pour elle et reprend en main sa carrière d’écrivaine. Sa relation avec Sidney, son agent, ne bénéficie d’aucun rapport de force.

Le secret qui lie les membres du cercle littéraire est forcément quelque peu cousu de fil blanc, en raison de toutes les autres fictions que l’on a pu voir sur le sujet, ou tout simplement en analysant la vérité historique, mais force est de constater que cette histoire demeure touchante et efficacement menée. Les lecteurs du roman ne seront probablement pas déçu, cette adaptation lui demeurant globalement très fidèle : seules demeurent des économies de scénario, avec quelques effacements de personnages secondaires pour resserrer cette intrigue autour de Juliet et sa découverte de Guernesey.

Gabin Fontaine

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