Ragnar est mort. Malgré tout, son ombre plane toujours sur le destin de ses proches. Bien décidés à venger leur père, et ce à l’aide de la plus grosse armée jamais réunie par des vikings, on peut dire que les fils de Ragnar ont foutu un sacré bordel en Angleterre (mention spéciale pour le blood eagle infligé au Roi Aelle), mais pas que.

En effet, depuis que Ragnar a rejoint le Valhalla, tous ceux qu’il aimait ou qu’il a aimé sont soit morts, soit séparés les uns des autres (Rollo, Bjorn, Floki) ou mieux s’entretuent (Ivar/Sigurd, Lagertha/Aslaug). La saison 5 débute alors dans ce climat d’extrêmes tensions où l’absence de Ragnar explique et détermine presque le devenir des protagonistes.

Bref, si vous avez vu la saison 4 vous savez de quoi je parle : c’est la fin d’une histoire et le début d’une autre. Et si vous êtes comme moi, cette saison 4 vous a laissé un étrange sentiment, mélange de « sivouplé faîtes que la série parte pas trop en cacahuète » et « c’est quoi ces nouveaux persos ?! Rendez-nous Rollooooo ». Aussi, pour ceux et celles qui n’auraient pas encore vu ce début de saison 5 : que retenir de ces dix premiers épisodes ? En somme, est-ce que le show vaut encore d’être regardée sans le charisme légendaire du roi qui a rendu la série mythique ?

I- « LE ROI EST MORT, VIVE LES ROIS ! » OU LA GUERRE DES EGOS

Si, peu avant sa mort, Ragnar avait déjà délaissé son rôle de roi pour mieux y revenir ensuite, l’on se doutait bien que sa mort laisserait un siège vide attirant toutes les convoitises. Rappelons qu’un épisode avant ce funeste événement, Lagertha récupère le trône en tuant celle qu’elle considère comme une usurpatrice : Aslaug, la deuxième femme de Ragnar. Et ce n’est que le commencement des joies de la succession dans la famille recomposée !

Ragnar laisse derrière lui une floppée d’héritiers aux chevilles surdimensionnées. Aussi, dans cette saison 5, attendez-vous à assister à un concours des egos : chacun de son côté va se revendiquer ou se rêver roi ou reine de quelque chose en désirant, par conséquent, éliminer les potentiels concurrents à ce poste.

On assiste à un véritable Game of Thrones viking où Lagertha, Ivar, Ubbe, Harald – et j’en passe des moins prononçables – sont tous attirés par l’ivresse du pouvoir ultime. Les motivations ne sont certainement pas les mêmes (Ivar veut venger sa mère, Ubbe inspiré par Margrethe s’y croit presque de temps à autres, Harald veut rentrer dans l’histoire en gouvernant un territoire plus vaste que celui Ragnar, etc…), mais ces velléités ont plus ou moins pour même finalité l’accès au trône et dessinent une nouvelle géopolitique plus complexe encore.

A ce moment-là, les personnages se construisent décidément en opposition à un Ragnar qui n’avait jamais brigué le pouvoir par pure carriérisme.  Comme il le fait remarquer à Bjorn, il n’a jamais désiré porter ce fardeau conscient qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilité

II- SANG NEUF, SANG CHAUD

Qui dit nouvelles problématiques, dit nouveaux personnages. Ce début de saison 5 est en effet marqué par la présence de nouvelles – fortes – têtes s’alliant très bien (ou pas ahah) avec les anciens personnages dont les traits de caractère sont plus développés qu’auparavant.

Que ce soit par Astrid, l’Evêque Heahmund (incarné par Jonathan Rhys-Meyers) ou Harald Finehair, l’arrivée de nouveaux personnages donne un nouveau souffle à la série qui à force de morts/disparitions s’était peu à peu vidée des personnages qui avait fait sa renommée. Tous sont caractérisés par un niveau de badassitude extrême et permettent de relancer intelligemment l’intrigue. On vous promet donc une saison pleine de rebondissements en tous genres !

 

L’ENIGMATIQUE HEAHMUND : ENTRE SACRÉ ET PROFANE (https://www.instagram.com/historyvikings/?hl=en)

Et si tous les personnages que l’on connait sont davantage explorés – à l’instar d’Ubbe et Hvitserk – Ivar est celui qui se détache le plus du lot. Promis à un destin féroce par son père – « I promise you my son that one day the whole world will know and fear Ivar The Boneless » –, Ivar le Désossé devient de jours en jours plus menaçant. En Angleterre comme à Kattegat, l’écorché vif ne reculera devant rien ni personne pour assouvir son désir de vengeance et accomplir son destin. Aussi, en connaissant l’oiseau, attendez-vous à retrouver la folie dévastatrice d’un Floki ou du Ragnar des derniers jours dans les accès de violence du dernier des Ragnarsson.

« YOU CAN’T KILL ME. I’M IVAR THE BONELESS ! » (https://www.instagram.com/alexhoeghandersen/?hl=en)

A ce titre, notons l’impressionnant jeu d’acteur de tous les fils de Ragnar. Il est assez incroyable de retrouver des réactions propres à Ragnar (et à Travis Fimmel qui l’incarne) dans certaines intonations de voix de Bjorn ou d’Ivar, dans les expressions faciales de Ubbe et d’Ivar (mention spéciale pour leurs yeux) ou dans la nonchalance de Hvitserk.

 III.            VOYAGE, VOYAGE

Bien entendu, vous aurez également le droit aux désormais traditionnelles scènes en Angleterre où l’on suit les mésaventures d’une famille royale également mise à mal par les exactions passées et actuelles des envahisseurs. Mais ce n’est pas ce que l’on vous proposera de plus exotique…

Dans la saison 4, l’on avait déjà vu Bjorn repousser les limites du monde connu par les Vikings grâce à ses périples en mer Méditerranée (souvenez-vous l’épisode en Espagne). Ici, après avoir vengé son père et avant de retourner à Kattegat pour casser des culs, Bjorn nous emmène voguer sur les vagues jusqu’en Sicile puis sur les dunes du désert du Sahara. Vous apprécierez le changement de décor autant que les péripéties orientales qui attendent Bjorn Iron-Side et Halfdan The Black.

LES VIKINGS A L’EPREUVE DU SAHARA (http://www.allocine.fr/series/ficheserie-10214/photos/detail/?cmediafile=21433525)

 

Contrairement au voyage précédent, Floki n’accompagne pas Bjorn. Celui qui ressemble de plus en plus à l’illuminé du village décide de pousser sa quête mystique jusqu’à ce qu’il considère comme la terre des Dieux.

En somme, la thématique du voyage est donc bel et bien présente dans cette saison au même titre que les saisons précédentes, ce qui nous rappelle nostalgiquement les voyages précurseurs de Ragnar en Angleterre et en France. Mais les voyages sont aussi introspectifs : à l’image d’Alfred, fils biologique d’Athelstan adopté par Aethelwulf, qui semble atteindre sa maturité sentimentale lors de son pèlerinage au monastère de Lindisfarne, premier point de chute des vikings (saison 1).

La thématique du voyage parcouru – que ce soit dans l’espace ou dans son cheminement personnel – est donc indissociable de la thématique du rapport à l’héritage parental – que ce soit à travers le « fatherland », la mère patrie ou à travers les relations à la figure du père, de la mère et du frère.

IV- TOUT POUR L’EPISODE 8 : FRATICIDES, FAUX FRERES ET FIDELITE

C’est clairement dans cet épisode que vous retrouverez l’excitation des premières batailles. Personnellement, je commençais doucement à me languir d’une bataille bien badass avec des morts dégueu toussa toussa (pas que ce soit chiant sinon, mais avouons-le c’est quand même plus marrant).

Mais il y a bataille et bataille. Ici, ce n’est pas un traditionnel vikings VS le reste du monde ; ici, c’est frères contre frères, vikings contre vikings.

Sans spoiler la splendeur de la bataille ni l’envergure de ses conséquences, l’épisode 08 cristallise tous les enjeux soulevés depuis bien des saisons déjà. Loin d’être manichéens, les tenants et aboutissants ont subtilement été glissés dans les saisons précédentes (le handicap d’Ivar, l’ambition conquérante de Harald, le fatum de Lagertha, la thématique de la fidélité/fraternité, etc…). Les trahisons passées et autres discordes survenues à York contre l’armée d’Aethelwulf pousseront les Ragnarsson à choisir leur camp donc leur destin.

L’épisode 08 sonne donc le début de la fin : comme entrevu par le Voyant, cette guerre civile aux avant-goûts de Ragnarök ne présage rien de bon augure pour certains personnages….

V- QUELQUES RESERVES CEPENDANT…

La saison 5 n’est pas encore achevée – et une saison 6 est en préparation –, aussi laissons-lui le bénéfice du doute sur quelques points. Attendons de voir quel sort sera réservé à l’Evêque Heahmund aka Athelstan 2.0 qu’on kiffe voir défoncer du viking. Attendons de voir comment les fragiles alliances vont modeler les camps opposés dans la quête de vengeance et la conquête de Kattegat. Enfin, attendons également d’en savoir davantage sur le nouvel et étonnant  allié d’Ivar (indice : gros cliffhanger pour les fans de la première heure).

 

Au final, on vous rassure : que ce soit par sa présence ou par son absence, Ragnar conserve encore toute son influence sur le destin des personnages restant qui se construisent en adéquation ou en opposition à lui. Son spectre hante ses contemporains et la figure du père-roi garde toute son emprise sur les psychologies des personnages qui doivent dorénavant compter sans celui qui a défié hommes, rois et Dieux. Ses héritiers, à la croisée des destins, se montreront tous-t-il à la hauteur du roi légendaire ? Si Odin le veut bien, vous le saurez cet automne pour la seconde partie de saison.

                                        ASSIA DAAS

3/5 (2)

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