Quatrième long-métrage de Hélène Angel, Primaire est une plongée au sein du monde écolier rythmé par ses aléas quotidiens. Cette comédie-dramatique suit la vie de Florence, une jeune institutrice de CM2, passionnée par l’enseignement et entièrement dévouée à sa classe. Un jour, elle se heurte à la conception idéaliste de son métier alors qu’elle rencontre Sacha, un jeune garçon en difficulté. Prête à tout pour lui venir en aide, elle perd peu à peu le cap de sa vie de femme, de mère et même de professeure… Entre rire et émotion, Primaire est un film captivant, par son ton dual et sa vision réaliste, qui nous fait revivre le temps des bancs de l’école, mais de l’intérieur.
Entre leçons et récréations, la réalisatrice nous conte l’histoire commune d’une école primaire, de ses instituteurs, de ses écoliers et de leurs parents, mais nous laisse entrevoir toute une panoplie d’âmes tourmentées à travers son quotidien. En effet, si Florence (Sara Forestier) semble être une institutrice épanouie, elle est aussi une jeune femme célibataire en conflit avec son ex-compagnon ainsi que la mère de Denis, petit garçon qui, lui, ne croit plus en sa maman et qu’il ne supporte plus d’avoir comme maîtresse. De son côté, Mathieu (Vincent Elbaz), se retrouve perdu entre son job de livreur de sushis et son rôle de père de substitution pour Sacha, un garçon en difficulté abandonné par son ex-petite-amie.
Des vies écorchées
Tous deux enfermés dans leur bulle, refusent de se confronter à la réalité, mais finissent par comprendre qu’ils doivent réagir s’ils veulent retrouver un sens à leur vie. Accolées à ces deux personnages principaux, d’autres âmes égarées nous content leur histoire personnelle, notamment celles d’enfants dont les soucis prennent déjà le pas sur leur courte vie. Entre Denis qui rêve de rejoindre son père à l’autre bout du monde, Sacha dont la mère ne donne plus de nouvelles et qui ne contrôle pas ses crises ou encore Charlie, une petite fille handicapée qui tente d’étudier à l’égale de ses camarades, chacun essaye de tirer à sa manière des leçons de sa propre expérience.
Par le nombre et la diversité des sujets abordés, réunis autour du thème de l’enfance, mais aussi par le portrait de personnages aux parcours accidentés, Primaire a des faux airs de Polisse. En effet, à l’image du film de Maïwen, celui de Hélène Angel use avec finesse d’humour et d’émotion et dépeint avec réalisme le milieu écolier dans lequel il réussit à s’intégrer. Primaire, un film essentiel qui nous fait comprendre avec justesse qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre et qui nous montre que, parfois, c’est au sein du monde des tout petits que se déroule déjà la cour des grands.
Aurélie David.
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