– Blandine Lenoir ; 2017 –

Pour son deuxième long-métrage, la réalisatrice Blandine Lenoir rend un bel hommage aux femmes, mais plus particulièrement à celles qui s’approchent ou traversent la cinquantaine. Aurore, incarnée par Agnès Jaoui, ou le portrait d’une cinquantenaire comme on n’en voit que trop peu dans le cinéma français.

Une comédie touchante et juste

Aurore a 50 ans et tout le lui rappelle : ses deux filles, Marina et Lucie, qui quittent peu à peu le nid, la société qui la pousse doucement vers la sortie depuis qu’elle a décidé de démissionner, et même son corps qui lui lance des bouffées de chaleur surprises de pré-ménopause. Lorsqu’elle apprend qu’elle va être grand-mère, c’en est trop, Aurore n’est pas prête et se sent perdue. Et c’est en retrouvant par hasard son premier amour de jeunesse, sous les traits du charmant Thibault de Montalembert (en 2016 dans Chocolat de Roschdy Zem, Éternité de Tran Anh Hung et L’Odyssée de Jérôme Salle et actuellement dans la série Dix Pour Cent), qu’elle décide de résister et de prouver qu’elle vaut mieux que la case dans laquelle tout le monde semble vouloir la ranger…

Drôle et lumineuse, cette comédie démonte un à un les clichés dans des scènes inoubliables : notamment lorsque Aurore se retrouve face à deux femmes, en pré-ménopause elles-aussi, dans une agence pour emploi ou encore lors de sa rencontre avec les pensionnaires d’une maison de retraite, un multiple portrait de femmes. A souligner aussi, la scène de l’intense échange muet entre Aurore et son premier amour dans un restaurant où les serveurs sont également chanteurs d’opéra, une scène délicieusement longue dans laquelle une multitude d’émotions traverse les yeux de ces deux personnages jusqu’à nous donner des frissons ! Tourné à La Rochelle, Aurore se dessine sous un ciel bleu, le long d’un remblai de bord de mer venteux et dans des rues pavées aux maisons chaleureuses.

Agnès Jaoui, parfaitement Aurore

Et c’est Agnès Jaoui (en 2015 dans Comme un avion de Bruno Podalydès et Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi), que l’on retrouve dans la peau d’Aurore. Belle, féminine et solaire, l’actrice, également cinquantenaire, est simplement parfaite pour le rôle. En plus d’être un hommage vibrant aux femmes, ce film montre également la solidarité qu’il existe entre celles-ci : d’une mère à ses filles, entre deux amies, entre des collègues ou même avec une inconnue. Les scènes, très folles, entre Aurore et sa meilleure amie Mano (Pascale Arbillot, à mourir de rire), sont d’ailleurs uniques. Aurore, une jolie comédie bien menée par Blandine Lenoir et qui fait un bien fou !

Aurélie David

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