– Ridley Scott ; 2017 –
Dix ans après le naufrage de la mission Prometheus, l’équipage du Covenant cherche une planète pour établir une colonie humaine. Mis à mal par une secousse, le vaisseau intercepte un signal d’origine humaine, provenant d’une planète proche. Bien décidé à ne laisser aucune chance de côté concernant une possible terre d’accueil pour l’humanité, le commandant Oram choisit d’explorer cet environnement inconnu, décision qui fera sombrer son expédition dans le chaos.
Ridley Scott est bien décidé à éclaircir tous les mystères distillés dans la première saga Aliens et Prometheus en développant – sans fin – cet univers originel. Dans la continuité chronologique et narrative de Prometheus, Alien : Covenant revient sur les origines du Xénomorphe, monstre mythique hantant le monde de la science-fiction depuis plus de trente ans. Un objectif que poursuit le réalisateur avec énergie, confrontant très rapidement l’équipage du Covenant à son ennemi mortel. Alors qu’on avait reproché à Prometheus son manque d’action et ses longueurs, Alien : Covenant nous fait vite rencontrer les fameux extraterrestres, représentés ici dans des formes de développement plus ou moins avancées. Explorant une contrée aux allures idylliques – soulignons le travail photographique de Dariusz Wolski – les membres du vaisseau feront bientôt l’objet d’une véritable traque à l’homme. Violence, suspense, jump scares composent le mécanisme efficace mis en place dans ce film et dans les précédents volets de la saga, plongeant le spectateur dans une atmosphère à la fois anxiogène et haletante. Fruit d’effets spéciaux très réalistes, le Xénomorphe est devenu un figurant à part entière de l’intrigue, déployant une violence innée contre l’équipage du Covenant, beaucoup moins humain et complexe que dans la trilogie originelle.
Ce qu’on avait pu reprocher à Life il y a quelques semaines vient également peser sur le récit d’Alien : Covenant : un manque cruel de profondeur concernant ses personnages et dialogues. Immédiatement confronté à la mort de l’un des leurs – qui n’est autre que le compagnon de Danny (Katherine Waterston) – l’équipage se retrouve fragmenté, perplexe quant à la capacité du nouveau capitaine Oram de mener à bien la mission originelle. Bâclée voire quasiment annihilée, la relation liant chaque personnage se limite à quelques brefs échanges envenimés ou enamourés, au choix. Alors que des pistes intéressantes étaient ouvertes avec la foi habitant le commandant Oram ou encore le lien particulier unissant Danny et l’humanoïde Walter, Alien : Covenant ne fait que les effleurer, préférant l’hémoglobine au relationnel. Daniels est le seul personnage qui réussit un tant soit peu à se tirer de cet anonymat, représentant le pendant rafraichi d’Ellen Ripley sans réussir pourtant à l’égaler, faute d’approfondissement et paradoxalement, de temps. Alors que le film dure un peu plus de deux heures, Ridley Scott ne nous offre pas l’opportunité de nous attacher réellement à ses personnages, rapidement décimés par le Xénomorphe et la folie meurtrière de David, humanoïde rescapé de la mission Prometheus.
Représentant, sur le papier, un personnage ambivalent au potentiel indéniable, David se montre une fois de plus décevant. Michael Fassbdender, dédoublé entre les robots Walter et David, offre ici une prestation à la limite du parodique tant ses interventions sonnent faux. Une scène marquera – en mal – les esprits qui n’est autre qu’une leçon de flûte érotique entre les deux humanoïdes, sombrant dans la lourdeur et le ridicule. Deux caractéristiques qui ne sont pas sans rappeler Prometheus, œuvre plate et risible qui nous avait déjà offert quelques scènes comiques et avait avorté tout travail de réflexion sur ses personnages. Alors que les deux films devaient nous éclairer sur les origines de l’humanité, le rôle des Ingénieurs et leur destin n’est que rapidement abordé dans ces volets… Dans la droite lignée de son prédécesseur, Alien : Covenant en oublie l’essentiel, comme si Ridley Scott souhaitait conserver le plus longtemps possible les mystères de la saga et la prolonger infiniment.
Pour résumer : alors qu’il se montre efficace en terme d’ambiance et d’action, Alien : Covenant nous laisse totalement désœuvrés quant à la psychologie de ses personnages et le développement de son intrigue. Tirant constamment sur la corde, Ridley Scott finit par s’essouffler, même si son film peut se reposer sur la beauté de sa photographie et la puissance de ses effets spéciaux. Ce n’est pas aussi cliché et vide que Prometheus mais ça reste en dessous de la saga originelle. « C’est pas si pire », mais ça ne suffit pas à nous séduire. Dommage.
Camille Muller
Rémy
25 mai 2017 — 7 h 12 min
Oui bien d’accord.
Encore un autre Film « alimentaire » pour un Ridley Scott qui devient vraiment vieux, sans aucune imagination et qui de fait laisse le pouvoir d’emballer les spectateurs avec les innombrables graphistes numériques 3D de l’équipe du film qui se donnent beaucoup de mal sans convaincre. Un niveau de puissance intellectuelle sous le niveau de la mer. Dommage.
À moins de vouloir perdre son temps et son argent, évitez ce film qui n’impressionnera que les imbéciles et les enfants de moins de 10 ans. Et encore….