– Fabrice du Welz ; 2017 –
Jacob vit en Afrique du Sud. Après un appel alarmant de sa sœur, il décide d’aller à Los Angeles où elle habite et de partir à sa recherche. Le jeune homme va très vite déchanter et découvrir une facette de sa sœur qu’il ne connaissait pas.
Un portrait de Los Angeles très éloigné de la carte postale
Le début du film nous permet de rencontrer Jacob dans un motel très modeste qui sert, entre autre chose, à des lieux de tournage pour films X. Cette vision désenchantée brise l’image habituellement donnée de la Californie, faite d’hôtels luxueux et de beaux quartiers qui font tant rêver. Une entrée en matière efficace qui donne le ton pour le reste de l’oeuvre et nous plonge immédiatement dans son atmosphère si particulière. Jacob n’est pas là en touriste ordinaire mais recherche sa sœur, Bianca, qui l’a appelé à l’aide. Il part donc rapidement à sa recherche mais très vite, il se rend compte que cette disparition est due à de sombres histoires de gangs. Alors qu’il arrive à Los Angeles en espérant retrouver sa sœur vivante, le héros se fait très vite une raison : peu de chances lui laissent présager cette issue. Cette violente prise de conscience permet à l’œuvre de prendre une nouvelle dimension, plus violente, guidée par la quête de revanche de Jacob. L’action est ainsi ponctuée de combats, filmés de près et à la visée immersive, faisant du public une sorte de complice de tout ce déferlement, suscitant effroi, révolte ou consentement en son sein.
L’effroi ne naît pas seulement de ces scènes de combats sanglantes, ce sentiment étant également ressenti en raison du sang froid avec lequel les vrais responsables de la mort de Bianca – Leary et Wentworth, des hommes influents à Los Angeles – considèrent la mort comme la seule solution valable à tout problème. La mise en action d’une loi du Talion appliquée aux milieux »mafieux » californiens, en somme.
Le parti pris du gros plan
Tout au long de l’oeuvre, le réalisateur Fabrice du Welz utilise majoritairement des gros plans, faisant de ce procédé une technique particulièrement représentative de Message from the King. Ce choix montre la volonté de centrer l’action autour des seuls personnages. Du Welz semble vouloir à tout prix éviter de surcharger les scènes en détails inutiles, se concentrant avec talent sur l’atmosphère oppressante de ce thriller. Le spectateur est ainsi invité à prêter attention aux regards des personnages : la rage de Jacob ou l’insensibilité de Wentworth amènent le spectateur à se demander jusqu’où est capable d’aller l’un pour venger sa sœur et l’autre pour protéger sa réputation. Des questionnements qui tiennent efficacement le public en haleine. Autre élément notable qui fait de ce film une oeuvre à voir, les seconds rôles de Message from the King font preuve d’un véritable talent, transmettant avec habileté une large palette de sentiments à leurs spectateurs. Le rôle de Jacob sied à merveille à Chadwick Boseman tandis que Luke Evans se montre plus que convaincant dans le rôle de Wentworth, dentiste qui se révèle être très doué dans le chantage. On peut également saluer la performance de Teresa Palmer dans le rôle de Kelly, jeune mère de famille obligée de se prostituer pour gagner sa vie et payer la chambre du motel dans laquelle elle loge avec sa fille. Une héroïne qui va se révéler d’une force et d’un courage incroyables, véritable soutien pour Jacob tout au long de l’intrigue.
Message from the King use avec habileté du gros plan pour plonger son public dans une atmosphère des plus angoissantes. Jouant avec la violence, tant psychologique que physique, l’oeuvre est portée par un casting talentueux dont il faut saluer la performance. C’est un très bon thriller que nous offre ici le réalisateur belge Fabrice Du Welz.
Amélie G.
Comments by Amélie Guichard