– Gabriel Le Bomin ; 2017 –
Ce film historique français réalisé par Gabriel le Bomin retrace l’épopée vécue par Addi Bâ, un jeune tirailleur sénégalais, lors de la seconde guerre mondiale.
Une histoire vraie
Nos Patriotes raconte l’histoire vraie d’Addi Bâ. Ce jeune tirailleur sénégalais sert sous les drapeaux français au début de la seconde guerre mondiale. A la défaite française de 1940, il s’évade et se cache dans les Vosges. Aidé par des villageois bienveillants, il obtient des faux papiers qui lui permettent de circuler librement en zone occupée. Il est ensuite repéré et recruté par ceux qui cherchent à agir contre l’occupant. Addi Bâ est une figure atypique du mouvement résistant. D’abord en raison son histoire : il a du être un des rares noirs en zone occupée à réussir à se procurer des papiers d’identité français et qui pouvait donc se déplacer sans crainte en plein jour. Ensuite, Addi n’a pas toujours été très obéissant une fois enrôlé dans le mouvement d’opposition aux Allemands, qui n’était pas encore appelé Résistance. En effet au début de son aventure de dissident, il se rend coupable du meurtre d’un Allemand. Il considérait alors que la guerre ne pouvait être gagnée que par le sang et ne comprenait pas l’utilité de distribuer des tracts. Il devient alors un fugitif et va participer à l’un des tous premiers maquis de la région vosgienne.
Une diversité de thèmes
Par le biais du personnage d’Addi Bâ, le film prend une autre portée que le simple récit de la vie d’un résistant ordinaire. En racontant l’histoire d’un résistant noir, c’est également le racisme qui est évoqué et les préjugés auxquels fait face Addi Bâ et qui complique son intégration au maquis. Les hommes blancs voient plutôt d’un mauvais œil l’influence qu’exerce le jeune tirailleur sénégalais, nommé chef militaire du maquis. Il lui incombe le rôle d’apprendre à ses hommes à manier les armes et les explosifs. Il va alors se retrouver confronté à l’animosité de certains soldats qui n’arrivent pas à lui accorder totalement leur confiance en raison de sa couleur de peau. Cette méfiance persistante envers un homme qui a pourtant prouvé à maintes reprises sa haine de l’ennemi est significatif d’une société française encore profondément marquée par l’idée que l’homme blanc est supérieur à son semblable noir. Le film ne cesse par ailleurs de montrer que ce héros censé être inférieur est, en réalité, plus cultivé que la plupart des blancs de la région : on assiste ainsi à une scène où Addi cite du Victor Hugo devant Christine, l’institutrice du village (brillamment interprétée par Alexandra Lamy) qui ne reconnaît pas le texte.
Il faut en outre souligner la très belle performance de Marc Zinga dans le rôle d’Addi Bâ qui est bouleversant dans ce rôle d’un homme qui cherche désespérément sa place dans cette communauté montagnarde vosgienne. On peut également saluer la prestation de Louane Emera qui incarne avec beaucoup de justesse une jeune postière, bénévole pour la Croix Rouge, qui participe avec beaucoup d’entrain et d’espoir à cette organisation résistante. Les acteurs jouent un rôle d’autant plus important dans la qualité de ce film que le réalisateur opte pour des prises de vues centrées sur les personnages qui sont complétées par la force des dialogues et des visages expressifs qui viennent compléter l’enjeu narratif de chaque scène.
Nos Patriotes est donc un très beau film porté par un casting talentueux qui rappelle que les Résistants, malgré la bonne cause qu’ils portaient, n’étaient pas à l’abri des préjugés raciaux qu’ils combattaient chez leur ennemi allemand.
Amélie G.
Comments by Amélie Guichard