-V. Faris & J. Dayton ; 2017-
Inspiré de faits réels, Battle of the Sexes retrace le combat des joueuses de tennis, menées par Billie Jean King, pour obtenir des primes de victoire équivalentes aux hommes.
Des femmes «rebelles»
À l’époque où se déroulent les événements, en 1972, Billie Jean King (parfaitement incarnée par Emma Stone) est la figure forte du tennis féminin. Elle a remporté trois tournois de grand Chelem et est la femme la mieux payée dans le milieu. Mais loin de se reposer sur ses lauriers, Billie met en danger son propre confort pour obtenir plus d’égalité pour toutes ses collègues de travail qui n’ont pas la chance de gagner autant qu’elle. Elle crée alors, avec l’aide de Gladys Heldman, une ancienne joueuse, le Virginia Slims Tour. C’est un circuit professionnel exclusivement féminin où les joueuses fixent leurs conditions financières. Malgré les menaces de la ligue de tennis américaine de les virer, elles gardent le cap.
Dans ce contexte de tension, Bobby Riggs (interprété brillamment par Steve Carrell), tennisman à la retraite, flaire le bon coup et propose à Billie Jean de le défier sur le court. Elle refuse d’abord, comprenant l’enjeu beaucoup plus large qui se joue et à quel point cela risquerait de desservir la cause d’égalité entre joueurs et joueuses si elle perdait. Mais Riggs se rabat sur une autre tenniswoman, principale rivale de King à l’époque : Margaret Court. Cette dernière perd le match et Riggs réitère alors son défi à King qui, cette fois, accepte.
Un film toujours aussi actuel
Il est aisé de remarquer à quel point les enjeux sociétaux ont peu évolué en 30 ans. Si l’égalité homme-femme semble être une évidence pour tout le monde, les différences de rémunérations persistent. Mais au delà de ces inégalités salariales, c’est l’intégralité d’un système de domination masculine qui est questionné dans l’œuvre et le difficile chemin pour arriver à l’égalité. Encore aujourd’hui, le sexisme est loin d’être éradiqué et les hommes restent avantagés dans la société. Battle of The Sexes a ainsi le mérite de rappeler que ce combat est loin d’être terminé et qu’il n’est même qu’à son commencement.
Le film traite aussi, de façon plus subtile, de la question des droits LGBT, Billie Jean étant elle-même bisexuelle. Mais sa sexualité n’est pas évoquée de façon notoire et les réalisateurs ne décortiquent pas cette question de façon assez poussée. Ils restent ainsi concentrés sur la question de l’égalité des sexes et cela fait par ailleurs du bien de voir un traitement normalisé d’une histoire d’amour entre deux femmes.
De plus, il faut souligner le choix esthétique des réalisateurs de filmer en 35 mm pour appuyer le contexte de l’intrigue, qui se déroule dans les années 1970. En effet, cette réalisation en pellicule leur permet d’obtenir naturellement du grain à l’écran. De plus, il est important de noter que les cinéastes jouent allègrement avec des couleurs très marquées, ce qui confère à l’œuvre un charme et un cachet louables. Le film n’en apparaît que plus authentique et le spectateur a réellement l’impression de faire un saut de temps pendant 2 heures.
En définitive, Battle Of The Sexes est servi par un casting talentueux et une réalisation maîtrisée. C’est, en outre, un long-métrage qui apparaît nécessaire pour rappeler que, finalement, depuis 30 ans, le combat féministe est plus que jamais d’actualité.
Amélie G.
Comments by Amélie Guichard