– Nawell Madani ; 2016 –
Humoriste, chroniqueuse, actrice et maintenant réalisatrice, Nawell Madani confirme doucement sa place dans le métier. Dans C’est tout pour moi, son premier long-métrage, elle raconte en effet sa propre histoire : comment, à partir d’un rêve d’enfance, elle a réussi, malgré les galères et les désillusions, à force d’espoir et de volonté, à voir son nom en haut de l’affiche. Une comédie dramatique réjouissante qui dévoile le parcours d’une femme qui tente de faire sa place dans un monde sans pitié !
La vie de Nawell Madani se découvre à travers celle de Lila, une jeune femme pétillante, drôle, un peu garçon manqué, mais surtout pleine de rêves. Depuis son enfance, elle ne désire qu’une seule chose : devenir danseuse professionnelle ! Mais son père est loin d’être du même avis souhaitant un avenir plus stable pour elle. Malgré leur profond désaccord, Lila décide de quitter le quartier belge dans lequel elle a toujours vécu pour se rendre à Paris afin de concrétiser son rêve. Mais la réalité du métier est bien plus difficile qu’elle ne l’avait imaginée. De galères en désillusions Lila, dont la volonté reste toujours aussi forte, se découvre une passion pour le stand-up et se lance alors dans une carrière d’humoriste. La jeune femme n’a plus qu’une idée en tête : avoir son nom en haut de l’affiche et prouver à son père qu’il peut être fier d’elle. Une comédie drôle et attrayante qui ne se laisse pas avoir par un scénario, de prime abord simple et déjà vu, grâce à la bonne humeur et à l’énergie que Nawell Madani infuse à son premier long-métrage.
©UGC Distribution
Tout au long de ce film, on découvre à la fois le parcours initiatique de Lila, qui tente de se faire une place au sein d’un monde qui refuse de lui ouvrir si facilement ses portes, en même temps que celui de Nawell Madani dont ce sont les premiers pas derrière la caméra. Un exercice dans lequel la jeune femme se défend puisque à travers son regard, on prend rapidement conscience de la dure réalité du métier d’artiste, qu’il soit tourné vers la danse, l’humour ou vers toute autre forme d’expression. En plus du regard qu’elle porte sur ce métier, la réalisatrice ne manque pas de préciser qu’il faut faire deux fois plus ses preuves lorsqu’on est une femme ! Bien que cette histoire soit tirée de sa propre vie, Nawell Madani l’a cependant édulcorée afin d’en faire une bonne fiction. Ainsi, si la brûlure au 3e degré qu’elle a subi quand elle était petite, ses disputes avec son père ou encore son départ à zéro après une déception au sein d’une compagnie de stand-up sont réelles, la case prison par laquelle passe le personnage de Lila, elle, ne l’est pas. Des partis pris dans lesquels le réel et la fiction se côtoient, mais qui donnent ce côté attachant à cette comédie.
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De Bruxelles à Paris, d’un appartement de quartier à la scène d’un grand théâtre, Nawell Madani ne cesse d’opposer avec justesse les cadres dans lesquels évoluent le personnage de Lila. Un procédé qui permet à cette jeune femme de ne pas oublier le parcours difficile dans lequel elle a décidé de se lancer. Côté casting, Nawell Madani interprète assez naturellement Lila. François Berléand, lui, campe le personnage de Fabrice, son mentor. C’est cet homme, rencontré lors d’un stage de théâtre en prison, qui lui insuffle sa passion pour l’humour, qui l’encourage à poursuivre dans cette voie professionnelle et qui la guide tout au long de ce parcours difficile. Et à souligner également, les présences de Mimoun Benabderrahmane, qui joue avec sensibilité le père de Lila, mais aussi de Leyla Doriane, d’Olivier Barthelemy ou encore de l’humoriste Artus. C’est tout pour moi de Nawell Madani, une comédie séduisante dans laquelle se dessine progressivement le portrait d’une femme et d’une artiste accomplies.
Aurélie David
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