– Destin Daniel Cretton ; 2017 –

Pour son nouveau long-métrage, le réalisateur américain Destin Daniel Cretton nous plonge dans la vie déjantée de la famille Walls. Ce récit de vies, basé sur une histoire vraie, est adapté du best-seller de Jeannette Walls elle-même, publié en mars 2005. « Le Château de Verre » est un film initiatique, tant sur l’itinérance réelle des Walls que sur leur parcours familial semé de joies et de conflits.

Jeannette Walls (Brie Larson) est New-yorkaise, chroniqueuse mondaine et sur le point de se marier avec David (Max Greenfield), un jeune riche entrepreneur. En la voyant, personne ne peut se douter quelle fut son enfance ! Et pourtant, Jeannette se remémore combien elle est éloignée de sa nouvelle réalité. Élevée par un père idéaliste, alcoolique et inventeur cinoque, promettant à ses quatre enfants de leur construire un château de verre en gage de liberté et de communion parfaite avec la nature, mais aussi par une mère (Naomi Watts), artiste fantasque et irresponsable, Jeannette a dû prendre en charge ses frères et sœurs afin de sauver sa famille à la dérive. Itinérants permanents, car poursuivis par les créanciers, les Walls mène donc une vie d’amour et d’eau fraîche, dans laquelle la poésie et le rêve règnent en maîtres et tissent progressivement des liens indélébiles qui marqueront éternellement chaque membre de cette famille.

Cette œuvre de Destin Daniel Cretton résonne forcément avec le superbe Captain Fantastic de Matt Ross, sorti en France il y a presque un an. Si le fond de l’histoire est différent, nous avons cependant deux pères de famille charismatiques essayant d’inculquer à leurs enfants « l’école de la vie » à travers de « vraies valeurs », et non celles dictées par un monde devenu capitaliste. Rex Walls, brillamment interprété par Woody Harrelson, ne cesse d’ailleurs de répéter à ses enfants : « Les riches des grandes villes vivent dans de luxueux appartements. Mais leur air est tellement pollué qu’ils n’arrivent même pas à voir les étoiles. Il faudrait être fou pour vouloir échanger notre place avec la leur. ». Ce patriarche loufoque se prend carrément pour un chef de meute et lance le cri du loup lorsqu’il doit retrouver l’un des siens. Comme cadeau de Noël, il offre des étoiles à ses enfants. Et même si parfois, il va trop loin, provoquant accidents et frayeurs à ses proches, il voue à ces derniers un amour inconditionnel.

C’est d’ailleurs avec la cadette, Jeannette Walls, que cet amour se dessine le mieux. Leur relation fusionnelle est le ciment de cette famille brinquebalante. Si Rex veut construire un château de verre, c’est pour sa fille. Et si Rex sombre dans ses démons intérieurs, c’est Jeannette qui sait comment l’en relever. Mais la confiance tacite établie entre le père et la fille s’effrite au fur et à mesure que l’enfant grandit. Ne voyant pas les rêves promis se réaliser, mais plutôt le vrai visage de son père dévoilé, Jeannette décide de se sauver de cette spirale néfaste. Elle fait un pacte avec ses frères et sœurs se promettant ainsi de s’émanciper tout en restant unis. Adulte, cette fratrie est toujours aussi soudée et prend encore sur ses épaules les égarements de ses parents. En se remémorant tous ses souvenirs d’enfance, joyeux ou douloureux, Jeannette livre alors un combat intérieur pour se retrouver, mais aussi pardonner à ce père dont elle ne peut pas ignorer l’existence. Le Château de Verre de Destin Daniel Cretton se révèle être un film fort, marqué par des personnages déjantés, qui ne nous laisse pas insensibles…

Aurélie David

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