– M. Night Shyamalan ; 2017 –

Kevin n’est pas un homme comme les autres : dans sa tête se trouvent 23 identités différentes. Un jour il kidnappe trois jeunes filles qui vont vite se rendre compte du trouble dont souffre celui qui les séquestre. Parmi ces identités, on trouve un maniaque obsédé par l’ordre du nom de Dennis, une femme bigote appelée Patricia ou encore Hedwig, jeune garçon de neuf ans.

Ces multiples personnalités donnent lieu à une performance époustouflante de la part de James McAvoy qui s’approprie avec brio chaque personnage, allant même jusqu’à parler avec un cheveu sur la langue pour son interprétation d’Hedwig. Ce film est également l’occasion de découvrir Anya Taylor-Joy, qui interprète le rôle de Casey, une des jeunes filles kidnappées par Kevin. Cette jeune actrice de 20 ans livre une performance bouleversante. Celle d’une jeune fille aux tendances asociales qui cache un lourd secret qui va étonnamment se révéler être son salut à la fin du film. Casey va prendre de plus en plus d’importance au fur et à mesure de la narration, elle sera la première à comprendre les troubles de son «bourreau». Elle tentera de s’en servir pour essayer de sauver sa peau et celle des deux autres filles séquestrées. Et ce n’est pas par hasard que c’est Casey qui se rapproche le plus de Kevin. En effet, leurs histoires sont distinctes et pourtant ressemblantes, ce sont deux âmes brisées par la vie. Indéniablement un lien se forme entre eux, dont ils n’ont pas eux-mêmes conscience mais que le spectateur devine rapidement.

Split

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En outre, Night Shyamalan opte pour un montage plutôt lent, qui sert la narration et la montée du suspens. Le réalisateur nous plonge dans une atmosphère sombre qui se confond avec les personnages qui sont confrontés eux-mêmes aux ténèbres. Cette utilisation du ton noir est récurrente chez Shyamalan, Sixième sens ou Incassable sont, par exemple, des œuvres très sombres autant en raison de leur histoire que de leurs couleurs. Ce choix sert le sentiment d’angoisse et de peur qu’il veut transmettre au spectateur. Le point culminant de la terreur est atteint lors d’un enchaînement de plans rapides vers la fin du film où l’on voit le danger se rapprocher, de façon furtive, et les filles, enfermées, essayer de s’enfuir. La musique achève de plonger le spectateur dans l’angoisse et la peur face au sort de ces jeunes femmes séquestrées. Night Shyamalan use également beaucoup des plans centrés sur les visages des personnages. Ainsi, le regard des jeunes filles jouent dans la transmission d’un sentiment de terreur : le réalisateur fait en sorte que l’on ressente les mêmes choses qu’elles. Quant à Kevin, il est glaçant de voir à quel point son trouble psychologique se reflète dans son regard.

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Le trouble de Kevin était d’ailleurs une pente glissante. Il est toujours compliqué de parler de maladies mentales au cinéma mais Shyamalan pose les bases d’un débat intéressant sur la manière dont on doit considérer ces malades. Souvent jugés avec dédain, ces personnes qui peuvent changer de morphologie par la pensée, ce qui permet à chaque identité de croire qu’elle existe réellement, ne sont-elles pas, en réalité, capables d’utiliser davantage de capacités de leur cerveau, contrairement « au commun des mortels » ? La question est très métaphysique mais permet tout de même de débattre sur la différence et le bien fondé de la vision parfois réductrice et simplificatrice que nous posons habituellement sur les maladies mentales.

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En somme, Split est un thriller haletant qui offre une fin époustouflante, climax d’une narration bien construite autour de la question épineuse des maladies mentales, habilement traitée par le réalisateur. On ressort donc de la salle de cinéma secoué et admiratif.

Amélie G.

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