– Michel Leclerc ; 2010 –

A l’occasion des élections présidentielles françaises, Scotchés continue sur sa lancée et  revient sur les liens entre politique et cinéma au travers de différentes œuvres cinématographiques.

On entend souvent dire que les sujets préférés des Français gravitent autour de trois thèmes principaux que sont la bouffe, le sexe et la politique. Rajoutez un peu d’humour aux deux derniers et vous obtenez Le nom des gens, une comédie française à la fois grave et emplie de rires sans jamais être trop lourde (oui je vous jure que c’est possible !).

Le film nous plonge dans la vie de l’un des derniers jospinistes de France, Arthur Martin (Jacques Gamblin) qui sous ce nom fort trop commun cache des origines juives et le fardeau de l’Histoire de ce peuple avec des grands parents grecs morts à Auschwitz, grand tabou de la famille. Cet homme va rencontrer Bahia Benmahmoud (Sara Forestier), jeune franco-algérienne de gauche qui revendique haut et fort son indépendance, ses origines et ses idées politiques au point de décider d’user du sexe comme une arme : elle couche avec des hommes de droite pour les faire changer de bord politique. 2002. 2007. Deux élections présidentielles bien différentes et au milieu, une histoire d’amour qui se crée entre deux protagonistes qui vont se découvrir, au sein même de leurs différences, de nombreux points communs.

Diversité, je t’aime.

L’histoire des deux personnages principaux est fortement inspirée de la vie du réalisateur Michel Leclerc et de sa femme Baya Kasmi qui donne d’ailleurs son prénom au personnage interprété par Sara Forestier. Le film commence donc par nous décrire tout ce qui fait des deux personnages des entités totalement différentes voire contraires. Bahia née d’une mère Française, militante à gauche qui vient d’un milieu bourgeois mais répugne la société de consommation et d’un père algérien qui a connu l’occupation française dans son propre pays avant d’immigrer en France où il mettra six ans à en obtenir la nationalité. Arthur est quant à lui né d’une mère juive dont les parents ont été fusillés pendant la seconde guerre mondiale, et d’un père Français qui, après avoir été envoyé en Algérie en tant que soldat, travaillera dans le nucléaire. Si chez Bahia les origines se revendiquent, elles sont tues chez Arthur et personne ne doit les évoquer.

Un brassage de cultures et d’horizons sociaux qui permet d’ancrer les personnages dans l’histoire de la France et qui offre surtout une vision de notre pays dans toute sa diversité et la présente comme une force. Michel Leclerc veut nous montrer que la diversité n’est pas un problème puisque bien au contraire elle est une énergie vitale qui crée paradoxalement l’union. Les deux personnages, aussi différents dans leur histoire familiale que dans leur caractère vont faire naitre de ces distinctions un amour profond l’un envers l’autre.

Faites l’amour, pas la guerre.

S’aimer n’est pourtant pas de tout repos. Car le timide et réservé Arthur est épris d’une grande défenseuse de la liberté, de la diversité, et surtout de la gauche. Et en tant que militante avertie, Bahia se donne corps et âme à la cause (surtout corps en fait) : c’est dans un lit qu’elle convainc les hommes de droite de changer de bord. Selon un technique apparemment infaillible – on a pas encore testé, n’hésitez pas à témoigner si vous avez réussi cet exploit – elle traque les hommes dont les opinions la dérangent pour utiliser sur eux ce bon vieux slogan soixante-huitard qu’on aimerait crier plus souvent : faites l’amour pas la guerre !

Et puisque nous sommes dans le sujet, le mois dernier, le site Wyylde a commandé un sondage à l’IFOP concernant le lien entre pratiques sexuelles et opinions politiques. On y apprend que 6 Français sur 10 (62%) refuseraient de se mettre en couple avec quelqu’un d’extrême-droite et la moitié (52%) avec quelqu’un d’extrême-gauche (l’étude reste néanmoins floue quant à savoir ce que représentent ces notions pour les personnes interrogées). On y apprend aussi que les personnes se qualifiant d’extrême gauche aiment expérimenter de nouvelles pratiques. Quant à savoir si la conversion politique par le sexe est une pratique courante, nous n’avons pour l’instant pas d’indice. Heureusement, la période est favorable à de nouvelles expérimentations militantes, alors que le deuxième tour va bientôt nous apprendre si nous aurons une première dame du doux nom de Brigitte (pas Lahaie non) les législatives se rapprochent elles aussi à grand pas. Militants, militantes, on attend vos témoignages !

A voté.

La politique est-elle toujours une histoire de passion ? A en croire les personnages du film, elle est en tous cas un combat quotidien et oscille entre déception d’un second tour imprévu et passion pour les idées, pour ceux qui les défendent et les partagent. De quoi retrouver le sourire si vous l’auriez perdu entre deux petits tours présidentiels, ou si comme Bahia vous craignez de fondre en larme après avoir voté pour un candidat qui n’est pas le vôtre. En attendant dimanche, allez donc regarder ce film léger, drôle et pourtant bien plus politique qu’il n’y parait avec en prime (SPOILER) une apparition de Lionel Jospin jouant son propre rôle ! De quoi nous rappeler que la politique est peut être finalement surtout une histoire de jeu et de cinéma.

Elise Saudemont

Source du sondage: http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/opinions-politiques-ont-elles-influence-sexualite-francais-1236039.html

 

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