– Terrence Malick ; 2017 –

Cook, producteur de musique ambitieux, et Faye, jeune musicienne en quête de soutien, vivent une relation passionnelle. Entre attirance et répulsion, les deux amants écument les concerts d’Austin et fréquentent les soirées mondaines de la ville. C’est lors de l’une d’elles que Faye rencontre « BV », musicien-producteur en pleine ascension avec lequel elle va vivre une histoire d’amour qui les marquera irrémédiablement.

Dans ce nouveau long-métrage qui succède à Knight of Cups et Voyage of Time , le réalisateur Terrence Malick se concentre le maillage de relations tissée entre son quatuor de personnages. Porté par un casting de renom – Fassbender, Portman, Mara et Gosling – ce film nous plonge tour à tour dans l’esprit de ses protagonistes, nous livrant par le biais usité de la voix off leurs sentiments et leurs doutes. Au cœur de ce procédé se trouve Faye (Rooney Mara), narratrice principale du récit qui explicite ses peurs au fil des monologues, héroïne clé de l’intrigue qui crée une relation toute particulière avec BV (Ryan Gosling) dont elle ne tardera pas à tomber amoureuse. De cette idylle naissent les plus belles séquences de l’œuvre, confirmant encore une fois la capacité de Terrence Malick à explorer l’intimité de ses personnages, retranscrivant des émotions davantage dans les regards et la gestuelle de ses acteurs que dans leurs dialogues. Des réactions que le metteur en scène traque inlassablement, usant toujours d’une caméra marquée par sa fluidité et sa proximité sans pourtant jamais tomber dans le voyeurisme.

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À l’image de Tree of life ou Knight of Cups, Song to Song est basé sur un habile sens du montage, le film faisant se succéder les plans séquences à une vitesse soutenue sans pour autant perdre son fil narratif. Contrairement à Knight of Cups, Terrence Malick suit une narration somme toute assez classique, notamment dans sa dernière partie, retrouvailles entre deux amants qui n’ont jamais réussi à s’oublier. Bien plus clair que d’autres de ses films, Song to Song convoque ponctuellement les interprètes au long de ses deux heures, faisant émerger Patti Smith, Iggy Pop, Cate Blanchett ou encore Lykke Li selon les besoins de l’intrigue. Des personnages dont les courtes apparitions servent la construction d’une intrigue riche des thématiques propres au cinéma de Malick. Alors que Patti Smith ramène constamment le film vers ses origines : le monde de la musique et ses différents travers ; des acteurs tels que Brady Coleman, Neely Bingham, Linda Emond et Holly Hunter renvoient aux figures paternelles et maternelles. L’incompréhension comme caractéristique de la relation au père, le désespoir et la solitude de la mère ou encore la pression de la fratrie sont autant de notions qui ponctuent l’œuvre de Malick et que l’on retrouve une fois encore dans ce dernier long.

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Sublimés par la photographie irréprochable d’Emmanuel Lubezki, les quatre interprètes principaux se montrent irréprochables, guidés par la direction de Terrence Malick. L’amour, la jalousie, le désir sont autant d’émotions retranscrites avec justesse dans Song to Song, bien que les tergiversations de ses protagonistes semblent parfois bien vaines, surtout lorsqu’elles sont éprouvées par la -trop- longue durée du film. Plongés dans des doutes existentiels en apparence inextricables, ces êtres vagabondent dans des villas luxueuses en quête de réponses. Au centre de ces questionnements, Rooney Mara se montre tour à tour touchante et agaçante dans son attirance pour la souffrance et l’auto-apitoiement. Sa relation toxique avec Cook (Michael Fassbender) suscite à la fois la pitié et un certain énervement en raison de l’inconstance de l’héroïne et du manichéisme exagéré de son premier amant. Des traits qui ne se trouvent pas atténués par la relation que le producteur tisse avec sa future femme Rhonda (Natalie Portman), lien qui étoffe toutefois davantage ce personnage malsain. Malgré quelques faiblesses, ce qui ressort avant tout de Song to Song, c’est la relation lumineuse Gosling-Mara qui rappelle à quel point Malick sait retranscrire la beauté des relations humaines et leurs inévitables évolutions.

Camille Muller

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