– James Ponsoldt ; 2017 –
Adapté du roman éponyme de Dave Eggers, The Circle se présente comme une critique des réseaux sociaux. Et si l’idée sur le papier est alléchante, le résultat est décevant.
Un Google amélioré
Le Cercle est le groupe de nouvelles technologies et de réseaux sociaux le plus puissant du monde. Maé, une jeune femme qui rêve d’améliorer sa situation ordinaire, y est engagée. Elle gravit rapidement les échelons jusqu’au point où le fondateur de l’entreprise, Eamon Bailey, lui propose de participer à une toute nouvelle expérience : elle portera désormais une caméra continuellement pour partager sa vie quotidienne au monde entier. Très vite, l’expérimentation révèle ses limites et soulève nombre de problèmes en terme s de vie privée et d’éthique. Et pourtant, personne, même Maé, ne semble mesurer l’ampleur du problème que pose ce système. L’héroïne est totalement aveuglée par sa recherche : à chaque fois qu’un souci se présente, celle-ci explique qu’il faut aller plus loin encore en termes de transparence et d’échange d’informations, au détriment de sa propre vie privée. Si ce constat fait peur, la façon dont le sujet est traité dans le film effraye tout autant. En effet, si le film se veut une critique des réseaux sociaux, elle n’est à aucun moment palpable dans le film. L’oeuvre échoue constamment à démontrer les risques que présente cette connectivité à outrance. Lorsque deux employés du Cercle viennent reprocher à Maé de ne pas assez partager sa vie sur son profil YouTrue par exemple, la scène se transforme en un échange comique qui ne montre en aucun cas en quoi ce comportement est aberrant.
Des personnages plats
En plus d’aborder de façon naïve, presque bête, le danger des réseaux sociaux, le traitement des personnages n’arrange pas la qualité médiocre du film. En effet, le développement de Maé manque de cohérence. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce qu’elle finisse par remettre en cause cet excès de technologie dans nos vies quotidiennes après un incident tragique, elle plaide pour qu’il n’y ait, au contraire, plus aucune différence entre vie publique et vie privée. Quant à Bailey, on ne le rencontre pas assez à l’écran pour espérer voir se dessiner une quelconque histoire crédible et intéressante, malgré le bon jeu d’acteur de Tom Hanks. Tout tourne autour du personnage de Maé, interprété par Emma Watson qui échoue à montrer toute la palette de sentiments que peut ressentir la jeune femme. On peut même dire que son expression reste quasiment la même du début à la fin du film, ce qui est somme toute assez alarmant. Même Karen Gillan, qui incarne la meilleure amie de Maé, et que l’on voit beaucoup moins à l’écran, a mieux su dépeindre l’évolution émotionnelle de son personnage.
On peut également mentionner la très mauvaise exploitation du personnage de Ty Lafitte, créateur de YouTrue, le réseau social du Cercle, incarné par John Boyega et qui n’a pratiquement pas de présence à l’écran. Une visibilité restreinte qui ne laisse aucune marge de manœuvre à l’acteur pour gagner un rôle clé dans l’histoire. À défaut d’avoir des personnages aux évolutions intéressantes, l’intrigue finit par tourner en rond, desservie par un scénario qui n’a pas su se servir correctement de la scène «dramatique» du film qui aurait pu pourtant marquer un tournant dans le ton utilisé pour livrer une réelle critique des nouvelles technologies.
En somme, le film manque de vie et on en oublierait presque son intrigue. The Circle est ainsi la preuve qu’un »bon » casting ne fait tout.
Amélie G.
Comments by Amélie Guichard