– Florence Quentin ; 2017 –

Monstres sacrés du cinéma français, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu se sont retrouvés pour une dixième collaboration dans Bonne Pomme, dernier long-métrage de la réalisatrice Florence Quentin. Une œuvre dans laquelle Gérard (Depardieu) décide de quitter sa vie, ses proches et ses magouilles pour se réfugier dans un petit village du Gâtinais dans lequel il va faire la connaissance d’une poignée d’irréductibles habitants. Parmi eux se trouve Barbara (Deneuve), femme peu commune et gérante d’un hôtel en faillite qui tire profit du petit monde qui l’entoure. De cette rencontre naîtra une histoire complice et touchante, faite de petites manipulations et d’une grande dose d’affection.

« Les aliments mal revenus font les plats mal partis » disait l’humoriste Pierre Dac. Une citation qui se prête à merveilles au film de Florence Quentin qui partait en outre avec un ingrédient de taille pour son œuvre : le duo Depardieu-Deneuve. Il ne suffit toutefois pas de réunir autour de soi deux pontes du septième art, rassemblés par leur amour de la tendresse et du cinéma, pour réussir un grand film. Bonne Pomme se montre en cela éclairant, s’apparentant davantage à un petit téléfilm français qu’à un long-métrage destiné aux salles ; cumulant les faiblesses formelles et narratives. Dès le générique introductif – succédant à une première séquence qui pose déjà tout le ridicule de la famille de Gérard – le spectateur se voit confronté à une image à la qualité étonnamment faible, posté tour à tour à l’intérieur et à l’extérieur de la voiture de Gérard, parti pour refaire sa vie. Des plans rythmés par une bande originale sans finesse qui n’aura de cesse d’alourdir l’œuvre, la faisant régulièrement sombrer dans un ridicule agaçant. Spectateurs réticents au cinéma français s’abstenir, Bonne Pomme se montrant tout à fait conforme à tous les malheureux clichés qu’on pourrait entretenir sur la question. Platitude de l’intrigue, vide scénaristique, absence totale de beauté forment le cocktail peu ragoutant offert à nos yeux agacés.

ARP Selection

À l’image d’un Chacun sa vie – dont on pensait la platitude sans pareille – Bonne Pomme enchaîne les scénettes à l’intérêt variable avec la récurrence d’un nombre dérisoire de personnages qui accentuent cette impression d’assister à une pastille humoristique de prime time. À côté de Deneuve et Depardieu, on retrouve des têtes désormais connues de la télévision française (Blandine Bellavoir, insipide), de la scène comique (Grégoire Ludig, qui s’en sort bon gré mal gré) et du cinéma (Guillaume De Tonquédec dans un rôle agaçant et sans surprise). Autant d’acteurs dont le jeu vient servir un scénario d’une faiblesse déconcertante et un comique de répétition qui, au départ attendrissant, se révèle finalement d’une lourdeur exaspérante. Au milieu de tout ce petit monde, Depardieu et Deneuve s’en tirent avec les honneurs, bien que l’on cherche toujours l’intérêt de leurs personnages respectifs. Un temps attachante et malicieuse, Barbara se montre finalement pathétique, arrachant des « La pauvre » à un Gérard attendri et bien dupe. Un homme foncièrement bienveillant et altruiste, bonne poire pour la majorité de son entourage et en particulier sa famille d’une bêtise pourtant déconcertante. Des proches qui enchaînent les répliques dérisoires et attendues, à l’image d’une Chantal Ladesou en Mémé Morillon détestable et ridicule, belle-mère de Depardieu dont elle a étrangement le même âge…

ARP Selection

Parfois attachante, souvent agaçante, Bonne Pomme est une œuvre mineure et sans saveur. Plaisante pour les nostalgiques et les fans du duo Depardieu-Deneuve, elle démontre encore une fois la capacité de ces acteurs à se montrer irréprochables, peu importe la qualité du projet qu’ils représentent. On ne peut ainsi rien reprocher à ces interprètes hormis leur choix commun de jouer dans ce film déroisoire dont on oubliera sans doute rapidement l’existence.

Camille Muller

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