-Marc Webb, 2017-

Marc Webb s’était fait discret dans le monde du septième art depuis The Amazing Spiderman : le destin d’un héros sorti en 2014. Il n’a pas chômé pour autant, faisant un détour par l’univers télévisuel en réalisant notamment les deux premiers épisodes de Limitless. Avec Mary, il signe donc son retour sur grand écran avec un film riche en émotions.

Un drame familial

Mary Adler est une jeune fille de 7 ans et fait preuve de dons exceptionnels en mathématiques. Elle vit en Floride avec son oncle, Frank, qui l’a pris sous son aile à la mort de sa sœur. Malgré les capacités intellectuelles hors-normes de Mary, Frank insiste pour qu’elle suive un cursus scolaire classique et se sociabilise. En définitive, il veut lui offrir une enfance normale. Mais la grand mère de Mary ne l’entend pas de cette oreille et va venir bouleverser les plans de son fils, considérant qu’il est en train de gâcher la vie de la jeune fille en limitant son génie intellectuel de la sorte. Ils commencent alors à se livrer bataille pour la garde de la jeune prodige.

Fox Searchlight Pictures

Le procès met en exergue la problématique liée à la place à donner aux enfants surdoués dans un monde aussi formaté que le nôtre. Ces enfants peuvent-ils en effet, réellement avoir une enfance normale comme le voudrait Frank ? Ou doit-on exploiter, dès le départ, le talent de ces prodiges comme souhaite le faire Evelyn, la grand-mère, quitte à les faire mûrir trop vite ? La famille Adler se déchire ainsi violemment sans pour autant que le film ne diabolise la vision d’Evelyn. L’œuvre ne fait qu’exposer les arguments de chaque parti et laisse le spectateur choisir son camp, ce qui est appréciable.

Le choix astucieux de la nuance

Si le film tente de ne pas influencer le jugement du public, le choix est tout de même fait de se focaliser sur la relation entre l’oncle et sa nièce. En effet, Mary vivant avec Frank depuis sa naissance, elle souhaiterait évidemment rester sous la garde de son oncle. Pour autant, elle ne développe pas une haine envers sa grand-mère. Elle explique durant le film qu’elle l’affectionne et jamais Frank n’essaye de retourner la jeune fille contre Evelyn. Ainsi, le film montre avec ingéniosité que tout n’est pas une question de dualité, et qu’il y a toujours des nuances qui rendent les choses beaucoup plus complexes qu’elles n’y paraissent. Malgré tout, la relation privilégiée de Frank et Mary facilite une implication émotionnelle du spectateur pour ces personnages, davantage qu’envers Evelyn (brillamment interprétée par Lindsay Duncan) qui est une femme au caractère ambiguë entre tendance autoritaire et envie sincère d’aider sa petite fille surdouée à s’épanouir.

Fox Searchlight Pictures

En outre, le développement de l’affection du spectateur pour l’oncle et sa nièce est aidé par l’alchimie indéniable du duo formé par Chris Evans (époustouflant dans le rôle de Frank) et Mckenna Grace. Cette dernière est clairement la grande révélation du film. Son jeu très naturel et sa capacité à jongler entre les différentes émotions à seulement 11 ans force en effet l’admiration.

En définitive, Mary dépeint avec justesse le débat de la place et la vie des enfants surdoués dans une société fondamentalement non adaptée à leurs spécificités. L’inscription de cette problématique dans un contexte émotionnel permet de livrer un film fort, servi par un casting talentueux qui donne d’autant plus d’écho à ce sujet que l’on croise finalement rarement au cinéma.

Amélie G.

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