Adaptation de la nouvelle homonyme de Stephen King et du film réalisé par Frank Darabont, la série The Mist paraissait prometteuse. Du moins, sur le papier. Malheureusement, pour tous les fans d’horreur et de Stephen King, il s’agit plutôt d’un bon gros flop.
Entre la récente sortie de la série Gerald’s Game sur Netflix, le succès monstre du remake de Ça en passe de devenir l’un des plus gros succès de l’histoire pour un film d’horreur et la Tour Sombre qui, malgré un flop certain, témoigne de l’engouement indémodable pour Stephen King, l’auteur n’a jamais eu autant la cote qu’en ce moment. Pourtant, la série The Mist ne lui rend pas vraiment justice. Alors si comme nous, vous êtes un fan de fantastique et de l’univers horrifique propre à King, l’expression « ascenseur émotionnel » prendra certainement ici tout son sens. D’abord en raison de la joie de retrouver cette nouvelle enfin adaptée en série, puis à cause de la déception éprouvée devant une adaptation qui ne tient pas la route. Retour sur cette œuvre et les raisons de cette désillusion.
The Mist, c’est quoi au juste ?
Pour ceux qui n’auraient ni lu la nouvelle ni vu le film de Frank Darabont, voici l’intrigue de la série. The Mist se déroule dans la petite ville de Bridgeville où une brume épaisse et surnaturelle, dans laquelle se cachent des monstres, s’abat sur les habitants. Réalisée par le scénariste et producteur danois Christian Torpe, la série est assez éloignée de l’œuvre de King et de Frank Darabont. Dans plusieurs interviews, il précise ne pas avoir voulu réaliser une seconde adaptation exacte de la nouvelle, estimant que l’histoire avait été déjà très bien racontée par Frank Darabont. Ce dernier avait d’ailleurs lui-même pris une grande liberté en changeant totalement la fin de l’histoire. Dénouement extrêmement déroutant mais salué par la critique et Stephen King lui-même.
Quelques (petits) points positifs :
Pour commencer, ne soyons pas trop sévères et tentons de faire l’inventaire des points forts de cette série. Premièrement The Mist a l’audace et l’intelligence d’apporter du renouveau à la nouvelle de Stephen King et au film de Frank Darabont en allant au-delà du huis clos. La série nous permet de suivre différents groupes de personnages évoluant dans des lieux multiples. Même si l’idée d’enfermement est présente (le centre commercial, l’église et plus tard, l’hôpital), les personnages ne sont pas statiques, ce qui apporte une dimension nouvelle à cette histoire avec un scénario qui s’adapte parfaitement au format sériel.
Deuxièmement, The Mist s’appuie sur des thèmes forts et propre à l’écriture de Stephen King : la violence, le mystique, le fantastique, la religion, et surtout, le quotidien d’une ville banale bouleversé par des évènements monstrueux et paranormaux, où la folie des hommes devient plus violente que celle des évènements eux mêmes.
Déception sur déception :
Malgré ces maigres détails, on peut dire que les points forts de The Mist s’arrêtent malheureusement ici. La série, en raison de l’histoire qu’elle aborde et du choix de l’adaptation de cette nouvelle de Stephen King, se voudrait horrifique. Or, elle ne l’est en aucun cas. La faute, dans un premier temps, aux effets spéciaux. Alors certes, les séries à petit budget peuvent avoir un certain charme et provoquer chez nous une forme de plaisir coupable. Mais dans le cas de The Mist, cela ne fonctionne pas. Les effets spéciaux sont terriblement laids, la brume a des effets de téléfilm et les insectes géants ne valent pas plus qu’un bon nanar diffusé sur la TNT en 3ème partie de soirée. Résultat ? À chaque passage dans la brume, on décroche automatiquement de l’épisode. Quant aux couleurs, elles sont trop léchées. La photographie, elle, est aussi banale que dans la série Under The Dome, ce qui n’apporte aucune originalité au show et fait que l’on digère un épisode aussi vite qu’il a été regardé.
L’angoisse, sentiment que l’on s’attend à ressentir devant une série à suspens comme celle-ci est également aux abonnés absents. L’enfermement des personnages et les nombreux passages à huis-clos ne créent finalement aucune crainte. Faute, en partie, au jeu d’acteurs mais surtout, à une mise en scène qui entre « jump scares » faciles et attendus, échoue à nous empêcher de dormir ou simplement à nous effrayer. Malgré quelques plans et travelings intéressants qui apportent une légère tension, la mise en scène trop scolaire ne sert en aucun cas le genre horrifique.
Enfin, nous arrivons au plus gros problème de la série : les personnages. Pourtant, le casting était plutôt prometteur. En tête d’affiche ? Des acteurs qui avaient fait leurs preuves dans des séries à succès. La mère de famille, jouée par Alyssa Sutherland et vue dans la série Viking, Morgan Spector, le père et l’interprète de Peter Yogorov dans Person of Interest et Frances Conroy d’American Horror Story mais surtout révélée dans la cultissime série Six Feet Under, où elle incarnait avec charisme la mère de famille Ruth Fisher. Dans The Mist, nous la retrouvons dans le rôle d’une vieille femme âgée fanatique et mystique.
Tout au long des 10 épisodes, on ne parvient pas une seule seconde à s’attacher à ces protagonistes. Dès le premier volet, la caractérisation de ces derniers va beaucoup trop vite (le viol d’Alex, les flashbacks du couple et ses relations avec les autres habitants de la ville), au point qu’ils n’évolueront pas pendant les 9 épisodes suivants. On regrette également une ribambelle de clichés servis sur un plateau : le meilleur ami gay gothique et mal dans sa peau, la famille dysfonctionnelle, la jeune fille timide qui essaye de s’émanciper et de fréquenter le quaterback populaire de son lycée, la mère dérangée et la junkie perdue…On est d’accord, ça commence à faire beaucoup. Ajoutons à cela, que les actions de ces derniers sont parfois, voire souvent, totalement absurdes (à l’instar de leurs nombreuses allées et venues dans la brume, des mensonges d’Adrian et encore des actes sur-protecteurs de la mère de famille). À tel point, que l’on a, à plusieurs reprises, envie de s’arracher les cheveux devant notre écran. Leurs actions amènent des twists mais ces derniers sont simplement présents pour apporter du rythme à des épisodes finalement trop lents. Ils sont gratuits, ne mènent à rien et ne servent en aucun cas le récit et la dramaturgie. Une chose est sûre, les réalisateurs ne connaissent certainement pas le concept du set-up pay-off.
Vous l’aurez compris, The Mist surpasse largement la simple déception. Un conseil, si vous voulez une bonne série pour Halloween, n’optez pas pour cette œuvre ou alors, préférez plutôt la version long-métrage réalisée par le très bon Frank Darabont.
Laura Bonnet
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