-S. Castellitto, 2018-
Faisant partie de la sélection officielle du prix Un Certain Regard en 2017, Fortunata, qui met en scène une mère tentant d’offrir une vie décente à sa fille et à elle-même, sort cette semaine dans les salles.
Portrait d’une femme forte
Fortunata est une mère de famille, séparée de son mari qui rêverait d’avoir la garde de leur fille. Il n’approuve en effet pas l’entourage proche de son ex-compagne et, particulièrement, Chicano, souffrant de troubles psychologiques. En outre, elle vit dans un quartier mal-famé, dans la banlieue de Rome. On peut donc comprendre la peur de Fortunata de se voir retirer la garde de sa fille.
Pourtant elle se bat, durant tout le film. Elle est criblée de dettes et vit de son métier, non déclaré, de coiffeuse en pratiquant le porte à porte. Cette femme vit dans la crainte constante de ne pas avoir assez d’argent à la fin du mois pour payer de quoi loger et nourrir sa famille. Elle ne s’arrête ainsi jamais, le psychiatre qui suit sa fille, Barbara, sur ordre d’un juge le remarque d’ailleurs, soulignant qu’elle semble toujours pressée.
On en viendrait presque à l’admirer, cette femme, qui continue à croire en des jours meilleurs. Elle prévoit d’ouvrir un salon de coiffure, le même mois où son divorce doit être officiellement prononcé. Une inauguration comme pour marquer un nouveau départ avec comme principal roc sa fille. Si Barbara lui était enlevée, tout s’effondrerait.
Une impression de déjà-vu
Le gros problème du film est le fait que les sujets traités restent très classiques. De la séparation difficile des parents à la situation financière bancale du personnage principal, en passant par des protagonistes tous aussi brisés les uns que les autres, Fortunata manque cruellement d’originalité. En d’autres termes, il dépeint la vie d’individus démunis, fragiles, délaissés par l’Etat comme tant d’autres films avant lui l’ont fait.
Le film devient même presque grotesque à certains moments, comme lors d’une scène de dispute entre Fortunata et le psychiatre où le médecin hurle en gesticulant dans tous les sens. Même si cela est sûrement voulu, il ressort de cette séquence une impression de désordre et de sur-jeu franchement irritante. Ce sentiment se ressent d’ailleurs dans d’autres scènes dramatiques du film, qui se veulent théâtrales mais échouent à nous faire ressentir de la tristesse.
Le scénario glisse même parfois sur la pente de la comédie romantique cliché avec Fortunata qui, évidemment, développe des sentiments pour le psychiatre. On a également droit au stéréotype de l’ex mari, un policier sans doute raciste, et violent.
Seule la performance de Jasmine Trinca, qui incarne Fortunata, arrive vraiment à bouleverser. Nicole Centanni, qui incarne Barbara, peut également toucher le spectateur tant son jeu est naturel et intuitif.
En définitive, Fortunata est un film qui n’apporte pas réellement de valeur ajoutée en termes de création cinématographique. Son grand point fort est le duo formé par Jasmine Trinca et Nicole Centanni. Mais l’alchimie des deux actrices ne suffit pas à sauver l’oeuvre de son manque d’originalité ainsi que de l’absence de finesse dans sa mise en scène des scènes dramatiques.
Amélie G.
Comments by Amélie Guichard