-P.T Anderson, 2018-

Nommé cinq fois aux Oscars, Phantom Thread met en scène un couturier exigeant et maniaque du contrôle.

 

Une histoire d’amour

Dans le Londres d’après-guerre, Reynolds Woodcock est un couturier renommé, fabriquant les costumes et robes des gens de la haute société de la capitale. Il travaille en collaboration avec sa sœur Cyril, seule constante dans sa vie. En effet, toutes les autres femmes, ses différentes amantes, vont et viennent sans jamais réussir à faire face à l’amour inconditionnel que l’homme porte à la mode. C’est alors qu’apparaît Alma, une serveuse, très simple. D’une beauté naturelle et saisissante, elle va devenir sa muse.
Commence alors une histoire tumultueuse entre les deux protagonistes. Alma est une femme qui tient à sa liberté, ses opinions, ce qui plait moyennement à Reynolds qui aime avoir un contrôle total sur ce qu’il se passe autour de lui. C’est un homme pourri gâté, qui prend tout pour acquis. Il ne fait ainsi aucun effort dans sa relation avec Alma qui doit se battre pour avoir son attention et un peu de son amour. Pourtant, elle tient bon, et reste malgré vents et tempêtes, assistant les Woodcock dans leur travail. Elle apporte un vent de fraîcheur qui attire irrémédiablement Reynolds, bien qu’il essaye de s’en cacher.

Universal Pictures France

Un film qui tourne en rond

Durant deux heures, Phantom Thread se concentre donc sur cette relation spéciale, presque destructrice. Un cycle infernal s’installe : Reynolds montre de l’affection à Alma, avant de la laisser de coté et de se replonger dans le travail, puis une maladie ou une dispute advenant, le héros revient vers elle pour encore mieux l’abandonner ensuite. Le problème est que rien ne semble briser ce cycle. Le couple semble condamner à ce fonctionnement malsain. Par conséquent, le film devient vite prévisible. Le personnage de Reynolds est même franchement irritant, d’autant plus que Daniel Day Lewis livre une performance assez fade. Il semble en effet fournir un effort minimum pour ce rôle. Vicky Krieps essaye tant bien que mal d’interpréter le rôle d’Alma, éprise de liberté et qui pourtant n’arrive jamais à quitter Reynolds ; sans succès. Le jeu des deux acteurs reste assez superficiel et il est impossible de rentrer dans l’histoire. Son rythme répétitif devient barbant et les personnages ne sont que des fantômes d’eux même. Même les scènes de dispute sont plates. Seule la musique, qui retranscrit la tension entre les deux personnages, permet au public de s’impliquer un peu émotionnellement. On pourra ainsi se sentir chagriné pour Alma, qui, malgré tous ses efforts, ne semble pas pouvoir changer en profondeur Reynolds. Enfin, on peut tout de même souligner la beauté des costumes, qualité qui relève le niveau global de l’œuvre. À défaut d’être passionné par l’histoire, on pourra au moins y admirer les différentes robes, qui magnifient si bien celles qui les portent.

Universal Pictures France

Phantom Thread est donc une déception. Une fois le fonctionnement en cycle de la relation entre Alma et Reynolds établi, l’histoire semble stagner et perd donc l’attention du spectateur. On attend désespérément que quelque chose se passe, qui brisera ce cercle mais rien n’arrive, ce qui nous laisse un goût amer. Même les acteurs semblent se lasser de l’aspect répétitif des actions et comportements de leur personnage. Tout semble donc malheureusement prédestiner ce film à l’oubli.

Amélie G.

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