-R. Coogler, 2018-

Dans ce nouveau film, Marvel nous fait découvrir le Wakanda, une nation africaine à la technologie avancée grâce à la forte présence de vibranium dans le pays, un matériau très précieux.

Un début de règne difficile

Black Panther débute juste après Civil War. T’Challa (vrai nom de Black Panther) rentre dans son pays natal, le Wakanda, afin d’y être couronné roi après la mort de son père. Mais dès ses débuts, il va devoir faire face à des contestations. À peine sacré, il est provoqué en duel par le chef d’une tribu rivale, qui voit d’un mauvais œil la montée sur le trône de ce jeune qui n’a même pas su protéger son père. Cela mène à une première scène de combat, certes pas des plus spectaculaires mais à l’enjeu important, ce qui crée une tension efficace pour maintenir l’attention du spectateur. Même si T’Challa gagne ce duel, ce n’est que le début des problèmes pour le nouveau roi. En effet, un vieil ennemi du pays, Ulysses Klaue, qui avait dérobé du vibranium à la nation africaine et tué de nombreux wakandais dans une explosion, refait surface. Il travaille côte à côte avec un certain Erik, un afro-américain originaire d’Oakland en Californie qui va se révéler être un connaisseur du Wakanda et de leur puissance réelle, que les différents rois cachent aux yeux de tous depuis des siècles.
Ce long métrage est l’occasion de montrer que modernité et tradition peuvent cohabiter dans un même pays. La scène du sacre de T’Challa en est une illustration parfaite : il est vêtu d’habits traditionnels et en même temps il débarque depuis un vaisseau à la pointe de la technologie. Ces deux mondes, que l’on pense si différents, se mêlent pourtant de manière assez convaincante. Les différents costumes traditionnels sont, par ailleurs, très bien réalisés.

Marvel Studios

Une structure classique

Si le film suit un arc de construction classique de film de super-héros avec une montée en puissance du protagoniste principal, suivi d’un échec avant d’en arriver à une « renaissance » et une victoire, le scénario n’en est pas moins intéressant. En effet, l’histoire est extrêmement bien ficelée et met en scène des personnages très bien construits. D’abord, les différentes protagonistes féminines sont non seulement des guerrières, fortes au combat mais aussi des femmes intelligentes et indépendantes qui n’ont rien à envier à leurs compagnons masculins. On fait ainsi par exemple la connaissance de Shuri (interprétée par la prometteuse Letitia Wright), petite sœur de T’Challa et qui gère tout ce qui relève de la technologie : c’est un véritable cerveau qui pourrait très probablement concurrencer le scientifique ultra diplômé qu’est Bruce Banner.

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En outre, Erik, désormais appelé Killmonger, son nom de mercenaire, et qui est le principal adversaire de T’Challa dans ce film est guidé par des motivations plus que compréhensibles : il veut libérer de leurs chaînes ses camarades noirs du monde entier, victimes d’un système d’oppression depuis des siècles. Il reproche au Wakanda de n’avoir jamais osé les aider, de s’être renfermé sur lui-même. Le film soulève ainsi une problématique importante, hautement politique : la question du racisme. Mais il n’est pas question ici de s’appesantir sur les différentes oppressions dont sont victimes les personnes de couleur mais plutôt sur comment ces individus les vivent et de quelles manières les combattre. La position de Killmonger est claire : il s’agit de lancer une révolution, armée, et de devenir les conquérants. Mais pour T’Challa il est hors de question d’utiliser leur technologie dans une guerre. Il reste campé sur la position de ses prédécesseurs : garder le secret de leur puissance. On aurait alors tendance, aussi surprenant que ce soit, à se ranger du côté de Killmonger, tout du moins ses motivations à s’élever contre T’Challa sont légitimes. Mais l’affrontement des deux visions extrêmes débouche sur une conclusion peu satisfaisante et pas des plus émancipatrices. Le fond politique du film, bien qu’il vienne donc poser des bases de réflexion intéressantes, ne fait qu’effleurer la surface du problème et se révèle assez décevant.

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On peut souligner tout de même le casting en or massif que s’est offert Black Panther. Lupita Nyong’o force l’admiration dans le rôle très physique de Nakia. Michael B. Jordan est un méchant plus que convaincant tandis que Chadwick Boseman peut exprimer tout son charisme dans le rôle de T’Challa. Angela Basset est aussi présente, dans le rôle de la mère du héros, ou encore Daniel Kaluuya, comme chef d’une des tribus du Wakanda. On peut également applaudir la performance physique époustouflante de Danai Gurira, qui interprète la générale de l’armée du Wakanda.

Finalement, même si la structure du film reste très classique, et l’aspect politique mal exploité, Black Panther n’en reste pas moins un film divertissant, qui met en scène des personnages intéressants. Porté par un casting talentueux, ce film permet surtout aux studios Marvel de présenter les derniers personnages qu’ils se devaient d’introduire avant Infinity War et d’offrir une représentation importante aux personnes de couleurs à l’écran.

Amélie G.

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