Homeland est de retour sur Showtime avec sa septième saison. Depuis quelques années, la série ne cesse de se réinventer pour ne pas perdre en qualité. Scotchés s’intéresse aux nouveaux enjeux de cette nouvelle saison.
Homeland fait désormais partie des séries incontournables aux Etats-Unis. Depuis son apparition sur la chaîne Showtime en 2011, la série créée par Howard Gordon et Alex Gansa a fait du chemin. Avant le lancement de sa sixième saison en janvier 2017, Scotchés évoquait une transition réussie après la mort de Nicholas Brody (Damian Lewis), un des personnages principaux du show. Pour surprendre les téléspectateurs, Homeland a fait le choix de se réinventer en prenant (parfois) des risques. Diffusé le 11 février, le premier épisode de la saison 7 a pu donner quelques indications sur les nouveaux enjeux (ou pas) dans la continuité de la saison précédente.
Piqûre de rappel
La saison 6 avait pris le temps de se mettre en place. Il a fallu attendre plusieurs épisodes pour enfin comprendre dans quoi Homeland voulait nous emmener. Au départ, les téléspectateurs ont pu croire que la nouvelle histoire allait tourner autour du jeune Sékou Bah. Ce musulman luttait pacifiquement contre la propagande du gouvernement américain avant d’être accusé de terrorisme. Sans surprise, l’infatigable Carrie Mathison (Claire Danes) arrivait à la rescousse. Mais tout cette histoire n’était qu’une rampe de lancement vers le véritable enjeu de la saison : le double jeu des services secrets américains. Qui de mieux que le manipulateur Dar Adal pour mener la danse contre Elizabeth Keane (Elizabeth Marvel), la présidente élue ?
Cette dernière devait croire que l’Iran ne respectait plus les accords sur l’armement nucléaire : une tentative de déstabilisation par le biais de la politique étrangère. Dans cette saison 6, Keane en a bavé. Soutenue par Carrie, elle se voit malmenée à plusieurs reprises, notamment au sujet de son fils – mort au combat- qui serait un lâche. Une montée en pression qui va jusqu’à la tentative d’assassinat de la présidente élue…sauvée par Peter Quinn (Rupert Friend). Le miraculé a tenu une place importante dans la saison précédente. Entre une amitié sans limites et un amour impossible, sa relation avec Carrie a rythmé la saison. Sa mort dans cette «mission suicide » était inéluctable. Plus en retrait, Saul Berenson termine la saison arrêté par les hommes de Keane qui font enfermer 200 agents secrets pouvant être impliqués dans le complot mené à son encontre.
Au plus près de la réalité
Avec cette septième saison, Homeland semble vouloir faire un parallèle avec la réalité. Dans la saison précédente, les scénaristes avaient vraisemblablement mal anticipé l’élection présidentielle américaine puisqu’ils avaient choisi une femme dans le rôle de présidente des Etats-Unis. Une femme progressiste au départ qui pouvait ressembler à Hilary Clinton…S’ils n’avaient pas prévu la victoire de Donald Trump, le personnage d’Elizabeth Keane s’en rapproche de plus en plus, comme la fin de la saison 6 le laissait présager. La présidente se retrouve isolée et habitée par une soif de vengeance qui la conduit vers une paranoïa inquiétante.
Pour se réinventer, Homeland évolue aussi géographiquement en plus de cette adaptation scénaristique quasi «immédiate» avec les faits réels. Il y a eu Berlin ou encore la Syrie mais depuis la dernière saison, la série a fait son retour aux Etats-Unis. Le co-créateur Alex Gansa avait en tête de repartir à l’étranger pour cette nouvelle saison. Mais le choix des Etats-Unis s’est finalement imposé. «Vu l’amas de news qui tombe chaque jour sur la guerre au sein même du gouvernement contre sa propre communauté, c’était trop dur de ne pas le faire. On ne se voyait pas dire ‘Allez, partons raconter une histoire qui se déroule à Paris, ou en’Amérique du Sud.’ Il y a quelque chose de très signifiant qui se déroule sous nos yeux maintenant», avait-il expliqué à Variety. Homeland change encore de fusil d’épaule et semble laisser un peu de côté la menace terroriste extérieure (même s’il ne faut pas prononcer trop rapidement). L’ennemi est à l’intérieur d’une nation divisée, au sein d’un gouvernement qui bafoue trop souvent la morale et ses principes. Est-ce que la série prévoit de transformer Elizabeth Keane en une présidente diabolique et malsaine ou compte-t-elle la remettre dans le droit chemin ? Réponse dans les prochains épisodes…
Quelle évolution pour les personnages ?
Souvent comparée à la pionnière 24, Homeland a su trouver son propre style. La série des années 2000 est sans doute une inspiration mais le show s’appuie encore et toujours sur ses personnages et les relations les liant. Il y a eu Carrie/Brody puis Carrie/Peter…à qui le tour ? Dans le premier épisode, Carrie est de retour chez sa sœur avec laquelle ses rapports sont assez conflictuels. Si elle ne fait plus partie de la CIA, Carrie continue de jouer – ou en tout cas de vouloir jouer – un rôle dans la sécurité de son pays. Après l’avoir aidée à arriver au pouvoir, elle est maintenant déterminée à arrêter la folie d’Elizabeth Keane mais la tâche s’annonce compliquée. Dans la famille Mathison, on demande la nièce : celle-ci pourrait bien avoir une place de choix dans cette saison, peut-être comme une alliée de sa tante ? Il faut surtout espérer ne pas découvrir une Dana Brody bis et les mauvais souvenirs qui vont avec. Une autre question peut se poser : est-ce que la série va introduire un nouveau personnage masculin dans la vie de Carrie ? Attention à ne pas trop s’inspirer des derniers mécanismes utilisés, notamment avec Quinn.
Il y a aussi le destin de Saul Berenson (Mandy Patinkin) qui paraît assez flou pour l’instant. Depuis le début de la série, sa relation avec Carrie est aussi touchante que fluctuante. Tous les deux ont leurs caractères et convictions qui provoquent des conflits qui ne les empêchent pas de se retrouver par la suite. Dans ce premier épisode, Saul est toujours emprisonné, victime de la paranoïa de Keane. Cependant, il est approché pour occuper le poste de conseiller en sécurité de…la présidente. Hors de question pour Saul d’accepter tant que les 200 prisonniers ne sont pas libérés. La situation pourrait bien évoluer dans les épisodes à venir. Et si Saul était celui qui sauvait le pays de la folie Elizabeth Keane ? Il faudra aussi garder un œil sur certains personnages secondaires comme Max ou Brett O’Keefe, le «résistant». Le premier avait gagné un peu en épaisseur l’année dernière tandis que le second occupe du temps dans ce nouvel épisode.
Le début de la fin
Alex Gansa l’a annoncé l’année dernière : la saison 8 d’Homeland sera la dernière. Un choix probablement judicieux pour ne pas trop user une série qui risquerait de devenir répétitive. Carrie Mathison devrait donc tirer sa révérence en 2019 sur Showtime. Le co-créateur du show a déjà donné des indications sur la conclusion de la série. Cette fois, Carrie devrait bien faire son retour à l’étranger. Dans son esprit, Gansa voit la saison 7 comme une suite de la précédente avant d’ouvrir un nouveau chapitre pour conclure l’œuvre. «J’ai un espoir en tête, plus qu’une idée, pour cette ultime saison. Cette série a commencé en Israël et il y aurait quelque chose de poétique à retourner dans cette partie du monde. Nous avons donc pensé, d’une manière thématique, qu’il serait peut-être bon de mettre fin à Homeland en Israël…», avait-il révélé dans Variety.
Un retour au Moyen-Orient est envisageable pour mettre fin à une série qui n’a donc pas fini de faire voyager ses téléspectateurs. En attendant, l’ennemi vient de l’intérieur dans cette septième saison et le duo Carrie/Saul a du boulot pour faire tomber (ou raisonner) la présidente des Etats-Unis. Il ne faut pas non plus exclure une éventuelle menace extérieure, Homeland sait nous surprendre et va prendre le temps de poser ses enjeux. Avant un retour aux sources pour une ultime réinvention.
Clément Gavard
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