On a vu les deux premiers épisodes de The Terror et on vous explique pourquoi c’est super.

Ahoy, tout le monde sur le pont, The Terror est là et elle est partie pour bien fonctionner ! Nouvelle mini-série adaptée des écrits de Dan Simmons, commanditée par la chaîne américaine AMC (qui a bien besoin de sang neuf après la pantalonnade The Walking Dead) et produite par Ridley Scott, cette œuvre nous narre l’histoire de deux navires en 1845, l’Erebus et le Terror, et de leurs 128 hommes placés sous le commandement du capitaine Franklin. Deux équipages partis en expédition à travers les mers polaires au nord de l’Amérique.

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Vous ne le voyez peut-être pas, mais un piège se referme…

PIÈGE EN HAUTE MER ARCTIQUE

Pour le dire très gentiment, la funeste expédition Franklin ne s’est pas très bien passée et a ceci de passionnant qu’elle est à la fois un véritable fait historique et une légende marine mystérieuse nimbée d’une aura de surnaturel. Le roman lui-même s’appuie sur des faits avérés et comble les trous grâce à la fiction, geste que reproduit la série The Terror pour produire un récit d’aventure marine, d’exploration d’âpres nouveaux territoires et de survie face à une menace indicible.

Alors, est-ce que la sauce prend ? Pour le moment, au vu des deux premiers épisodes, c’est un oui franc, mais attention à ne pas se reposer sur ses lauriers. On s’explique.

 

Photo Paul ReadyVingt minutes, et la série commence déjà à lâcher les chevaux

 

Le premier épisode est probablement parfait de bout en bout et parvient à trouver un très bon équilibre entre installation des sous-intrigues, de l’ambiance et des personnages tout en ne retenant pas ses coups et en nous offrant sur un plateau les images que l’on attendaient d’un récit de navigation. On appréciera particulièrement une hypnotique séance de plongée sous-marine en scaphandre en eaux noires.

À rajouter sur la liste des réussites, les personnages sont tous très convaincants et bien nuancés, en plus d’être servis par un jeu d’acteur aux petits oignons. Les quatre acteurs principaux Ciarán Hinds, Paul Ready, Jared Harris et Tobias Menzies réussissent tous leur petit numéro respectif et offrent une diversité de caractères bienvenus.

PhotoPour l’instant, c’est la meilleure séquence de The Terror

AU CŒUR DES TÉNÈBRES ?

Mais là où The Terror marque le plus gros de ses points, c’est dans son intelligence. Elle lui permet d’installer avec brio une atmosphère diffuse, charriant ce sentiment oppressant trop rare d’inquiétante étrangeté propre au genre fantastique. On a constamment l’impression que, malgré elle, l’expédition a déjà quitté notre réalité et erre dans une espèce de limbe, aux frontières de l’existence et/ou du surnaturel ; cet aspect nous rappelant des œuvres telles que Aguirre, La colère de Dieu mais aussi Apocalypse Now.

Le décor désolé y joue pour beaucoup, à la fois mort et stérile et en même temps terriblement imprévisible, vivant, secret et dangereux. Tandis que se referme le premier épisode, le monde lui-même a des allures de piège terrible et inextricable, la nature s’étant elle aussi mise en mouvement pour broyer nos personnages à une lenteur insoutenable.

 

PhotoOn ne sait pas pourquoi, et pourtant, une certitude : ce sont tous des hommes morts

 

Pour citer It Follows citant L’Idiot de Dostoïevski*, ce qui glace le sang, ce n’est pas tant la mort elle-même que l’attente et la certitude de la mort, et c’est ce que The Terror semble avoir compris avec une belle finesse. Cependant, si l’on apprécie ce tempo calme et posé nous laissant le temps de nous imprégner avec délice d’une ambiance étouffante et pourtant fascinante, sans rien révéler de l’épisode 2, une petite crainte point tout de même à l’orée de notre esprit.

The Terror grille en effet beaucoup de cartouches en deux épisodes, et on espère franchement qu’elle a encore des réserves de nœuds narratifs secondaires intéressants sous le coude, ou alors que le rythme de la trame principale va s’accélérer un chouïa dans le prochain épisode.

Ces deux premiers volets ont cependant été dégustés avec délice, et on garde bon espoir pour la suite. Avec son ambiance rare, et son récit d’expédition maudite, The Terror nous a déjà régalé d’une heure et demie d’aventures prenantes et a su nous donner envie de voir la suite avec impatience. Allez, souquez ferme, regardez The Terror !

* »Or ce ne sont pas les blessures qui constituent le supplice le plus cruel, c’est la certitude que dans une heure, dans dix minutes, dans une demi-minute, à l’instant même, l’âme va se retirer du corps, la vie humaine cesser, et cela irrémédiablement. La chose terrible, c’est cette certitude. Le plus épouvantable, c’est le quart de seconde pendant lequel vous passez la tête sous le couperet et l’entendez glisser.« 

Lino Cassinat

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