– Xavier Giannoli ; 2017 –

Avec son septième long-métrage, Xavier Giannoli met en lumière un sujet délicat : la religion catholique dans tous ses états… En effet, suite à une supposée apparition de la Vierge Marie, Vincent Lindon, transformé en enquêteur au service du Vatican, doit investiguer sur ce phénomène hors du commun. Avec L’Apparition, le talentueux réalisateur français réussit à s’emparer de cette thématique complexe en nous plongeant dans un film captivant, mais néanmoins déroutant, qui mélange avec finesse plusieurs genres cinématographiques.

Grand reporter de guerre pour un quotidien français, Jacques revient de Syrie blessé et endeuillé par la mort d’un collègue et ami. Alors qu’il se remet difficilement de cette épreuve, le journaliste reçoit un curieux appel provenant du Vatican. Un certain Monseigneur Vassilis le prie de venir le rejoindre à Rome afin de lui confier une mission. En effet, dans une petite ville du sud-est de la France, une jeune fille, novice dans un couvent, a affirmé avoir vu une apparition de la Vierge Marie. Cependant, cette rumeur a pris tellement d’ampleur que des milliers de pèlerins affluent du monde entier afin de se recueillir sur le lieu de cette supposée apparition. Le Vatican, dépassé par la situation, demande alors à Jacques, très éloigné de ce monde, de rejoindre une commission d’enquête canonique chargée d’éclaircir cet événement.

Un film qui mêle les genres

Au départ, cette mission confiée par le Vatican à Jacques sonne comme une classique enquête canonique sur un phénomène hors du commun. Avec l’aide d’une psychiatre, d’un théologien et de deux prêtres, Jacques interroge Anna, la jeune fille affirmant avoir eu la dite apparition, puis s’intéresse à sa vie, à son entourage et à son passé. Mais en creusant dans cette direction, Xavier Giannoli fait prendre un tournant à son film. Celui-ci évolue en mélangeant les codes de plusieurs genres cinématographiques. En effet, au-delà d’être un drame, L’Apparition, divisé en cinq chapitres bien distincts, a des airs de véritable film policier avec, étonnamment, un « twist » final intelligent. En plus d’un scénario bien construit, de personnages travaillés et d’un retournement de situation rondement mené, ce film, s’emparant de thèmes brûlants au cinéma tels que la religion, la foi ou bien les croyances autour de miracles ou autres phénomènes surnaturels, apporte plus de questions qu’il ne donne de réponses tranchées. Un choix assumé du réalisateur d’amener les mêmes pistes à Jacques qu’aux spectateurs et de les laisser décider par eux-mêmes de leur propre vérité.

« Lumière » sur Galatea Bellugi !

Côté casting, si Vincent Lindon, censé avoir le premier rôle, est parfait en journaliste écorché à la recherche d’une vérité invisible, il se fait cependant voler la vedette par Galatéa Bellugi ! Déjà remarquée en 2015 dans Keeper, premier long-métrage de Guillaume Senez, où elle partageait l’affiche avec Kacey Mottet Klein, la jeune actrice révèle encore une fois son incroyable talent ! Lumineuse et naturelle, Galatéa Bellugi joue avec justesse Anna, une jeune fille, née sous X, entrée dans les ordres après avoir été traînée de familles d’accueil en foyers et qui affirme avoir vu la Vierge Marie. Un personnage complexe qui, comme celui de Jacques, et à l’image même du scénario du film, évolue et dans lequel Galatéa Bellugi se fond à la perfection. À souligner également la présence de Patrick d’Assumçao (L’Inconnu du lac, À trois on y va, La Mort de Louis XVI) interprétant le Père Borrodine, protecteur de la jeune Anna et qui considère la commission d’enquête canonique comme un poison. Enfin, notons aussi la performance d’Anatole Taubman (série Versailles) dans le rôle d’Anton, un homme un tantinet illuminé, qui ne jure que par Anna et qui bénit l’afflux de pèlerins sur ce lieu « apparitionnaire ». Avec son nouveau film, Xavier Giannoli convainc sur un sujet difficile dont les tenants et aboutissants n’appartiennent qu’à chacun.

Aurélie David

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