– Gustav Möller ; 2018 –

Asger Holm est un policier danois. En attendant un passage devant le juge pour espérer rejoindre son ancienne unité, il est chargé de répondre aux appels de détresse arrivant au 112. Il ne lui reste que quelques heures à tenir – entre les appels des drogués en bad trip et des clients détroussés par une prostitué – lorsqu’il reçoit l’appel d’une femme victime d’un enlèvement. Alors que la ligne est coupée, Asger se démène pour retrouver la victime.

Pendant près d’une heure et demie, le réalisateur danois Gustav Möller nous tient en haleine avec un film, The Guilty, montrant essentiellement un homme au téléphone. C’est en présentant le thriller de cette façon qu’on réalise pleinement la prouesse du réalisateur, et qu’on comprend sans peine que l’oeuvre mérite amplement le prix de la critique obtenu au festival de Beaune et celui du public obtenu à Sundance et Rotterdam.

La plupart des personnages ne sont que des voix amplifiées et modifiées par le passage d’un téléphone à un autre, de même que l’action se déroule essentiellement par procuration, suggérée par des sons. Mais le spectateur reste scotché, happé par le suspens et les rebondissements savamment construits et distillés par Gustav Möller. Nos certitudes disparaissent à mesure que s’écroulent celles d’Asger. Comme lui, nous vivons la frustration, le doute, nous ressentons le lent écoulement des secondes ou des minutes en attendant l’appel qui fera basculer l’intrigue vers un dénouement que nous espérons heureux mais dont nous redoutons le possible caractère tragique.

ARP Sélection

La prouesse consistant à tenir le spectateur en haleine dans le huis-clos centré sur un opérateur et son téléphone est permise grâce à un travail soigné sur le son et l’image. Les plans sont soignés, avec un cadrage souvent très resserré sur l’acteur principal. La musique est globalement absente, rendant les silences de l’attente entre deux sonneries d’autant plus pesants.

Mais ce travail technique ne serait rien sans le formidable jeu de l’acteur principal, Jakob Cedergren, qui arrive à maintenir l’attention du spectateur et à lui faire ressentir toutes les émotions, passant de la frustration au désespoir, en passant, parfois – aussi étonnant que cela puisse paraitre dans un tel thriller -, par le rire. Il faut aussi saluer les prestations des acteurs incarnant les personnages secondaires, qui n’ont pour seul moyen de faire vivre pleinement leur situation et leurs sentiments que leur voix.

Construit et filmé de façon intelligente et efficace, The Guilty est un thriller haletant dont le spectateur ne peut se décrocher.

David Bolton

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