– Romain Lévy ; 2017 –

Ruben est un jeune étudiant en droit qui manque de confiance en lui. Un jour il va faire la connaissance de Nora. Sa vie va s’en retrouver bouleversée. En effet Nora travaille pour un trafiquant de drogue et Ruben va être embarqué malgré lui dans une mission à haut risque à Amsterdam.

Un film prometteur…

Gangsterdam s’annonçait comme une comédie prometteuse. Sur le mode du film initiatique, elle suit l’évolution de Ruben, jeune étudiant qui manque rudement de confiance en lui. Progressivement, le héros se transforme en  jeune homme assuré, qui ose enfin prendre des initiatives et s’affirmer. Cette évolution est d’ailleurs très visible dans le jeu de Kev Adams, acteur qui sait traduire dans son regard ce gain en détermination et en assurance au fil de l’intrigue. Cette évolution est particulièrement visible lorsque Mishka, l’employeur de Nora, commence à faire chanter Ruben pour qu’il ramène le paquet qu’il doit transporter à bon port. En parallèle de ce trafic, une relation pleine de complicité s’installe entre Ruben et Nora et enrichit le récit. L’occasion de mentionner le jeu de Manon Azem qui se montre très convaincante dans ce rôle de femme forte, intrépide, intelligente et indépendante.

Studio Canal

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En outre le film est aussi l’occasion pour le réalisateur de tourner de très belles images à Amsterdam, nous permettant de suivre avec plaisir les personnages dans ce cadre magnifique de la ville hollandaise. L’œuvre est également portée par une bande son de bonne qualité, essentiellement composée de titres électro et de rap qui se marient bien à l’atmosphère  »gangster » du film.

mais raté

Scénario et acteurs étaient au rendez-vous pour créer une bonne comédie. Malgré cette base de départ, le nouveau film de Romain Levy (Radiostar) se montre très décevant. Cette œuvre est même une très bonne illustration d’un genre cinématographique qui peine en grande majorité à progresser : la comédie française. Le film s’empêtre dans un humour lourd voire même gênant. Preuve étant donnée avec une scène de chantage basée sur une fellation… Cette simple idée peut paraître limite, d’autant plus que la situation est tournée au ridicule, la gravité de cet acte fait sous la contrainte est amoindrie et à aucun moment n’est questionnée la moralité de cette solution trouvée par les personnages.

Un deuxième gros problème pourrait être soulevé dans ce film : le traitement du personnage de Durex, le meilleur ami de Ruben. Ce personnage homosexuel est présenté comme raciste, antisémite et quelque peu instable psychologiquement. Même si cela peut paraître anodin au premier abord, le choix des scénaristes de construire le seul personnage homosexuel comme un être aussi détestable participe inconsciemment d’une vision péjorative de cette communauté. On se demande bien en quoi le dépeindre de la sorte peut amener un quelconque gain d’humour au récit. Ajoutez à cela une récurrence de blagues sexistes médiocres et vous aurez un tableau fidèle du niveau tant moral qu’humoristique de cette oeuvre…

Studio Canal

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Gangsterdam partait avec un potentiel comique à exploiter : le parcours d’un adolescent peu assuré embarqué dans des trafics et une histoire d’amour qui le dépassent. Toutefois, ce scénario prometteur ne tient pas la route et cumule les lourdeurs, tant en termes d’humour que d’éthique. Amertume, déception, colère sont le résultat de cette équation ratée.

Amélie Guichard

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