– Gabriele Mainetti ; 2017 –

Enzo est un simple délinquant comme tant d’autres, un voleur. Un jour, sa vie va prendre un tournant spectaculaire. En effet, pour échapper à la police il se voit obligé de plonger dans les eaux du Tibre, dans lesquelles il va entrer en contact avec une matière radioactive et se découvrir une force et une capacité de régénération surhumaine.

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Enzo, héros malgré lui ?

Le personnage principal de ce film est tout le contraire d’un héros : c’est un voleur égoïste qui se retrouve par accident avec des pouvoirs surnaturels qu’il s’empresse d’utiliser dans le cadre de ses actions de malfrat. Mais il va croiser la route d’Alessia, une jeune fille fragile et déséquilibrée qu’il sauve des griffes de Fabio, appelé le «Gitan», un mafieux totalement déjanté qui ne rêve que de puissance. Témoin des pouvoirs d’Enzo, Alessia se persuade qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, un personnage de manga japonais, et qu’il a comme mission de sauver l’humanité. L’intérêt du film repose alors sur l’évolution du personnage d’Enzo. Dans la première partie du film il se comporte comme un dur, essayant de se débarrasser d’Alessia qu’il considère comme un boulet attaché à son pied. Il reste cet homme qui n’a pas d’autre intérêt que son petit confort. Mais son comportement va évoluer dans la deuxième moitié du film. En effet alors qu’il se prend d’affection pour la jeune femme, cet anti-héros devient la cible principale de Fabio qui rêve de découvrir d’où Enzo tire ses pouvoirs afin d’en tirer profit et assouvir sa folie meurtrière. Progressivement, le film nous entraîne vers cet affrontement clé entre les deux hommes. En parallèle de cette traquet, Enzo se laisse peu à peu envahir par ses sentiments, permettant au spectateur de devenir témoin d’un adoucissement de caractère, le héros se faisant plus humain. De plus en plus sensible et altruiste, cet homme finira par accomplir un geste des plus héroïques qui viendra parachever ce récit d’initiation peu commun.

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Une critique du super-héros à l’américaine

On peut sentir, dès le début du film, l’accusation implicite portée à l’image classique du super-héros véhiculée dans les films et comics américains. Pour ces héros si connus du grand public comme Batman ou Superman, la lutte contre le mal est une chose acquise, un geste non questionné. Ce film réalisé par Gabriele Mainetti prend donc le contre-sens des films américains, en nous offrant tout d’abord un personnage anti-héroïque. En effet il faut du temps à Enzo, brillamment interprété par Claudio Santamaria, pour comprendre et appréhender sa force d’une part, et pour choisir la voie du bon droit d’autre part. Par ailleurs, il est important de noter le rôle central de la seule femme de l’intrigue, incarnée avec brio par Ilenia Pastorelli, qui est une des causes principales de l’évolution d’Enzo et de son choix de revenir sur le droit chemin. C’est aussi l’occasion de souligner la performance de Lucas Marinelli qui retranscrit avec talent la folie furieuse de Fabio à l’écran. Le deuxième grand point qui différencie cette oeuvre des films de super-héros à l’américaine est son contexte. Dans Jeeg Robot on est bien loin des scénarios convenus : attaques de créatures surnaturelles et autres catastrophes menaçant le cours du monde. Bien au contraire le danger mis en scène est très consistant : des attaques à la bombe, perpétrées par des mafieux italiens. Cela permet au film de lier intelligemment réalisme et surnaturel. On apprécie d’autant plus le combat final, digne d’un film de super-héros classique, que l’enjeu est évocatoire pour le spectateur, plongé dans un monde secoué par le terrorisme. Jeeg Robot est également l’occasion de découvrir une autre Rome, celle des banlieues défavorisées, des appartements décrépis à l’image du logement d’Enzo. On est bien loin de l’image de carte postale habituellement donnée de la belle capitale italienne..!

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Dernier point à mentionner, la bande son composée par le réalisateur et Michele Braga se montre tout à fait prenante et apparaît comme la touche finale qui permettra à ce film de charmer le spectateur. En définitive, c’est donc un film original et très réussi que nous offre ici Mainetti, qui bouleverse l’image conventionnelle du super-héros proposée habituellement par les grandes franchises américaines.

Amélie G.

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