– Edgar Wright ; 2017 –

Baby est orphelin, séparé de ses parents depuis un tragique accident de voiture qui lui a causé des acouphènes persistants, l’obligeant à écouter constamment de la musique pour noyer ce bruit incessant. Mélomane confirmé, le jeune homme est également un conducteur émérite chargé d’aider des braqueurs à échapper à la police. Lié à un mafieux local, Baby doit accomplir une dernière mission avant d’être libéré de ses fonctions. Une opération qui tournera au drame et mettra en péril la vie du héros.

Film d’action survolté, Baby Driver est une belle réussite lorsqu’on l’aborde du point de vue de son esthétique et de sa mise en scène. Edgar Wright (Shaun of the Dead, Scott Pilgrim) déploie tout son talent dans des scènes de course-poursuite impressionnantes caractérisées par une caméra nerveuse et fluide qui suit fidèlement les embardées spectaculaires de Baby. Un enchaînement de plans et de mouvements habilement menés qui se calquent sur la conduite virtuose du jeune prodige, tout cela sur une bande-son survoltée, concoctée avec soin par le compositeur Steven Price. Des titres qui se calquent parfaitement à l’œuvre et qui font des gestes des protagonistes une véritable chorégraphie, menée avec soin par le héros et chef-d’orchestre Baby, maître d’une multitude d’Ipods qui lui permet d’accomplir tous ses vols avec maestria. Un personnage très bien interprété par Ansel Elgort, qui se frotte ici à un premier rôle qui le dépayse des teen-movies habituels ; sorte de surdoué autiste et taiseux quelque peu difficile à cerner. Un personnage qui s’entichera de la jeune et jolie Debora, serveuse chez Bob’s, incarnée par une Lily James convaincante. Ce duo de relatifs débutants nous livre une histoire d’amour touchante, idylle menacée qui ajoute un enjeu dramatique à l’intrigue initiale de cambriolages. Autour d’eux se déploie un casting cinq étoiles composé de Kevin Spacey, Jamie Foxx, Jon Hamm mais aussi Jon Bernthal. Le premier enfile encore une fois son costume de pince sans rire, mafieux menaçant et fin stratège à l’origine des nombreux braquages de la ville. Un criminel à col blanc qui a su réunir autour de lui des voleurs confirmés parmi lesquels se trouve Bats, homme sans scrupule et dérangé, personnage qui permet à Jamie Foxx de voler la vedette à tous ses partenaires à chacune de ses apparitions. Le jeu de l’acteur se montre ici savoureux, plein de drôlerie et d’une menace sourde qui n’échappera pas au duo Darling-Buddy, incarnés par Eiza Gonzalez et Jon Hamm. Un trio dont la collaboration se montre bien difficile, empêchée par leur soif de richesse et leurs ego respectifs.

Sony

Des personnages qui, bien qu’ils nous offrent des scènes jouissives, n’en demeurent pas moins entachés par une floppée de stéréotypes. L’intrigue elle-même, caractérisée par sa dose conséquente d’action et sa nécessaire rapidité, exigeait l’emploi de tels traits caractéristiques dont certains auraient toutefois pu nous être dispensés. Pour cause : les personnages féminins se montrent bien fades en comparaison de leurs homologues masculins. Debora représente la petite amie fidèle, naïve et dévouée ; tandis que Darling (Eiza Gonzalez) ne laisse pas transparaître grand-chose d’autre que son hyper sexualité. Une femme que l’on imagine pourtant pleine de caractère, étant donnée la façon avec laquelle elle attaque – et avec quelle imprudence – ceux qui la mettent en joue, mais dont on ne retiendra pourtant que le féroce minois, à l’image d’un Bats lorgnant sans vergogne son beau déhanché, évidemment filmé en plan rapproché. Une simplification du personnage que l’on peut également reprocher à son compagnon Buddy, incarné par le redoutable Jon Hamm, déterminé à assouvir son désir de vengeance. Une quête folle qui fera de l’acteur LE grand méchant de l’intrigue, tombant dans la caricature de l’ennemi increvable. Baby n’échappe quant à lui pas à ce manque de profondeur, rendant son personnage difficilement attachant. Ce qui nous fait tenir à lui relève davantage de sa naturelle bonté, son énergie rythmée et l’entreprise qu’il entend mener à bien ; plus que de sa personnalité en soi.

Malgré un petit essoufflement en fin de course, Baby Driver se révèle être un divertissement de qualité. Une œuvre portée par une esthétique et une bande originale de haute volée dont on se souviendra longtemps, caractérisée également par un casting cinq étoiles, qu’il s’agisse des acteurs confirmés ou plus novices. Sans oublier son humour à toute épreuve, grandement aidé par Kevin Spacey et Jamie Foxx. Dommage que le film pêche par ses nombreuses simplifications qui ne l’empêchent pas de demeurer très satisfaisant.

Camille Muller

Aucun vote pour l'instant

Et si vous nous donniez votre avis ?