La septième saison de Game of Thrones s’est achevée dimanche soir sur HBO avec un ultime épisode de 80 minutes. Scotchés revient sur les moments clés d’une saison intense qui a préparé le terrain pour les six derniers épisodes qui concluront le série événement.
Cette saison 7 de Game of Thrones était bien le début de la fin. Le début de la conclusion d’un phénomène télévisuel qui affole les téléspectateurs depuis 2011. Finies les longues discussions (loin d’être inintéressantes), finis les longs voyages, finies les réflexions : place à l’action. Il était parfois difficile de reconnaître la série qui aimait tant nous faire languir et qui préférait se concentrer sur l’écriture des dialogues plutôt que sur les scènes de guerres. Bien sûr, on retrouve les discours manipulateurs de Littlefinger ou les conseils intelligents de Tyrion Lannister, mais les personnages sont passés des paroles aux actes. Certains épisodes ont offert des scènes de combats épiques et mémorables. Comme si la série satisfaisait enfin l’attente des fans en leur servant des batailles sanglantes ou des retrouvailles attendues.
Danaerys-Jon Snow : l’alliance des différences
Enfin. Danaerys Targaryen est enfin arrivée à Westeros, du côté de Dragonstone (Peyredragon) après six saisons de conquêtes et de longues tirades. Elle qui était généralement si loin des autres intrigues, elle rejoint enfin le continent et fait rapidement la connaissance d’un autre personnage central de la série : Jon Snow. Si les deux se retrouvent dans certaines valeurs, ce sont surtout leurs différences qui sont d’abord mises en évidence. Il faut dire que Danaerys a pris goût à l’exercice du pouvoir. La Targaryen apprécie ce statut de reine et n’hésite pas à rappeler à chaque visiteur, allié ou ennemi, ses nombreux titres. Autant dire qu’elle est loin de cautionner l’attitude de Jon Snow, proclamé Roi du Nord par ses pairs, qui refuse de «ployer le genou» et lui prêter allégeance. Heureusement, la khaleesi est bien entourée : l’intelligence et la sagesse de Tyrion Lannister, la connaissance de Varys, la confidente Missandei, apportent de la mesure à une reine qui n’est parfois pas loin de franchir la ligne rouge. Dans cette septième saison, Danaerys a pu agacer les téléspectateurs en se montrant parfois cruelle, souvent impatiente et inconsciente. Tyrion a souvent dû avoir recours à la puissance de son verbe pour dissuader – avec ou sans succès – la mère des dragons d’agir sans mesurer les conséquences.
A l’inverse, Jon Snow apparaît fidèle à lui-même, souvent très digne et (trop) courageux, au point de prendre des risques inconsidérés. Le bâtard de Winterfell n’a qu’une obsession : «the Great war» opposant les vivants aux morts, qu’il a déjà combattu. Il est prêt à tout pour rallier un maximum de monde à son combat…au point de se lancer dans une expédition suicide à sept gaillards pour ramener un mort à Cersei. Dans quel but ? La mettre face au danger et la convaincre d’une trêve dans sa guerre pour le trône avec Danaerys. Pas très malin, surtout quand on connaît Cersei. Dans cette saison, Jon Snow s’affirme comme le personnage incontournable. D’un simple bâtard envoyé au Mur au début de la série, il a gravi les échelons pour devenir le Roi du Nord et traiter avec les personnages les plus puissants de Westeros. Il est maintenant (presque) légitime aux yeux des Nordiens, pourtant difficiles à convaincre, et il impose sa crédibilité dans sa recherche d’alliances, que ça soit avec Danaerys au début de la saison ou lors de la rencontre avec le clan Lannister dans le final.
L’origine de Jon Snow : la clé de la série
On le sait depuis la saison 6, Jon Snow n’est pas le bâtard de Ned Stark. Dans une vision de Bran, le jeune Ned retrouve sa sœur Lyanna Stark, juste avant sa mort, alors qu’elle vient de donner naissance à un enfant. «You have to protect him, promise me, Ned» : Jon Snow est le fils de Lyanna. Une première révélation qui a provoqué une théorie qui s’est confirmée dans cette septième saison. La bombe attendue est tombée dans le 7×07, lâchée par Bran avec la complicité de Samwell Tarly. Après avoir répudié sa première femme Elia Martell, Rhaegar Targaryen a épousé secrètement…Lyanna Stark, qui lui a donné un fils qu’on connaît sous le nom de Jon Snow. Avant de mourir, la sœur de Ned lui glisse le véritable nom du nourrisson : Aegon Targaryen. Le Roi du Nord est donc bien l’héritier légitime du Trône de fer. Une révélation capitale pour la suite et fin de la série, qui explique la place centrale de Jon depuis la première saison. Pour rappel, Rhaegar est le frère de Danaerys qui est donc…la tante de Jon. Une nouvelle histoire familiale complexe comme Game of Thrones aime en raconter.
Les deux personnages ne savent pas qu’ils ont un lien de parenté, mais se rendent compte qu’il existe une vraie connexion entre eux, qui se transforme en histoire d’amour. Dans l’ultime épisode de la saison, les deux tourtereaux passent même à l’acte et commettent un inceste sans le savoir. Avec un peu de (mal)chance, la mère des dragons pourrait tomber enceinte du beau brun, qui lui a indiqué – avec une grande subtilité – que la sorcière qui lui avait dit qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants s’était peut-être trompée. Danaerys aura au moins un point commun avec Cersei…au plus grand malheur du pauvre Jorah Mormont, revenu guéri, mais toujours coincé dans la friendzone. Plus sérieusement, il est évident qu’une fois arrivé à Winterfell – s’ils y arrivent – Jon apprendra sa véritable identité par Bran et Sam. Quelles conséquences sur sa romance avec sa tante et ses ambitions ? Il est difficile d’imaginer cette relation incestueuse perdurer, ce qui pourrait jeter un froid avec Danaerys. De plus, cette-dernière risque de ne pas accepter que Jon soit l’héritier légitime au Trône de fer et pas elle. «I was born to rule the Seven kingdoms and i will», lance celle qui a développé un égocentrisme prononcé et n’abandonnera pas son projet de conquête si facilement. Les conséquences de la véritable origine de Jon seront un enjeu majeur pour la conclusion de la série.
Les Stark reprennent le pouvoir
En l’absence de Jon à Winterfell, les Stark se sont réunis pour eux aussi (ré)affirmer leur pouvoir. Cette fois, pas de noces pourpres ou de retrouvailles manquées. Très rapidement, Arya revient chez elle -pensant retrouver Jon – puis c’est au tour de Bran de faire son retour. Les trois enfants Stark sont enfin réunis après avoir connu les pires horreurs pendant six saisons. Chacun a changé et évolué, au point d’accentuer leurs différences, sans perdre leur solidarité. Forgés par leurs expériences, ils affichent même une certaine complémentarité. Sansa reste la plus rationnelle : ses calvaires avec Joffrey et Ramsay ont fait d’elle une femme forte. Elle s’impose comme la «Lady de Winterfell» et la grande sœur. Plus agitée, Arya est une Sans-Visage et une tueuse redoutable, au point d’impressionner Brienne de Torth au cours d’un entraînement à l’épée. Enfin, Bran est froid, discret et plutôt perché. Il est maintenant la Corneille à trois yeux, ce qui lui confère un pouvoir considérable qu’il utilise parfois bizarrement, comme quand il rappelle à Sansa la robe qu’elle portait avant de se faire violer par Ramsay Bolton…
Toujours dans l’ombre, Petyr Baelish a multiplié les manipulations pour monter Sansa et Arya l’une contre l’autre. L’aînée est proche de Littlefinger depuis plusieurs saisons, il était logique de douter de son comportement face aux belles paroles de celui qui aimait sa mère. Baelish est pris à son propre jeu et se fait surprendre alors qu’il pensait mener la danse. Après que Sansa – aidée de Bran – lui rappelle ses crimes et trahisons, Arya lui tranche la gorge : une belle illustration de cette complémentarité entre les Stark. C’est la mort d’un personnage atypique, mystérieux et intéressant, qui a pu offrir des dialogues savoureux à la série («Chaos is a ladder»). Un soulagement pour beaucoup, mais aussi la frustration de perdre Littlefinger, parfaitement interprété par Aidan Gillen et sa voix envoûtante. Plus au sud, Theon Greyjoy, un autre habitué de Winterfell, prend le chemin de la rédemption. Après avoir trahi les Stark et été le larbin de Ramsay, il obtient le pardon de Jon dans une scène émouvante. Son parcours de la pénitence est terminée, il retrouve son honneur et promet d’aller sauver sa sœur Yara, prisonnière d’Euron Greyjoy. A condition de voir Theon l’emporter, les Stark pourraient retrouver leur alliance avec les Fer-Nés.
Cersei, la terreur au pouvoir
Cersei Lannister démarre et termine cette saison sur le Trône de fer, non sans surprise. Elle en est consciente : elle est entourée d’ennemis prêts à lui faire la peau, mais elle n’a pas l’intention de se laisser faire. Plus cruelle et froide que jamais, Cersei fait surtout preuve d’intelligence et de malice – une fois de plus – pour rester en vie. La reine inspire la peur et gouverne par la terreur, symbolisée par La Montagne, transformé en un mort-vivant effrayant. Elle parvient aussi à trouver des alliés opportunistes. Le truculent Euron Greyjoy lui offre la redoutable flotte des Fer-Nés, en échange d’un mariage qui paraît encore lointain. La Banque de Fer est un autre «ami» de choix pour l’épauler durant la guerre. Mais si les Lannister sont connus pour payer leurs dettes, Cersei n’est pas réputée pour tenir ses promesses. Plus machiavélique que jamais, elle est prête à tout pour faire survivre le nom de sa famille.
Son frère et amant, Jaime, lui apporte son expérience militaire. D’un brillant coup tactique, les Lannister rusent l’armée de Danaerys – et Tyrion – pour mettre la main sur HautJardin. La série nous offre alors une scène puissante entre Olenna Tyrell et Jaime Lannister pour conclure le 7×03. Condamnée à mourir, la « Reine des épines » révèle avoir été l’instigatrice du meurtre de Joffrey Baratheon…fruit de l’inceste entre les deux jumeaux. Une découverte qui innocente définitivement Tyrion aux yeux de son frère, qui semble enfin «quitter» Cersei dans le final. Tout au long de la saison, les désaccords entre elle et Jaime sont de plus en plus évidents. Pourtant, son frère était celui qui savait modérer la cruauté de la reine, comme quand il parvient à la convaincre de ne pas torturer Olenna. Est-ce la fin des Lannister ? Leur séparation pourrait rendre Cersei – qui se dit enceinte de son frère – définitivement hors de contrôle et la faire sombrer dans sa folie meurtrière. Vêtue de noir toute la saison, comme pour porter le deuil, elle ne supporte pas la trahison et pardonne difficilement. Elle a beau se montrer à l’écoute de Tyrion, frère qu’elle déteste, ou de son ennemie Danaerys, ce sont ses propres intérêts qui priment.
L’armée des morts : l’ennemi commun ?
Il a fallu attendre le sixième épisode pour retrouver l’armée des morts, emmenée par le roi de la Nuit. «Beyond the Wall» a suscité de nombreuses critiques, notamment sur les ellipses temporelles. Dans cette saison 7, Game of Thrones a accéléré la cadence, au point de nous épargner les longues traversées des personnages. Mais la série a mis de côté toute logique dans le 7×06 pour laisser place à l’action et la tension. Les incohérences sont nombreuses : voir Danaerys débarquer aussi rapidement pour sauver l’expédition de Jon – alors qu’elle vient du sud de la carte – n’est pas plausible. La série se laisse alors aller à quelques facilités scénaristiques, comme le retour miracle de Benjen Stark pour sauver Jon, visiblement immortel. Ces incohérences n’étaient pas toujours nécessaires, comme si cette expédition irréfléchie était un prétexte pour nous retrouver au-delà du Mur. La dernière scène s’avère quand même décisive pour la guerre qui arrive : le roi de la Nuit – très doué au lancer du javelot – a tué puis transformé le dragon Viserion. Un nouvel allié de taille pour le camp des méchants.
C’était prévisible, la saison se termine sur l’arrivée de l’armée des morts au Mur, découpé en deux par le feu de glace de Viserion, chevauché par le roi de la Nuit. La grande guerre est lancée à Westeros, recouvert par la neige jusqu’à Kings Landing. Tous les protagonistes – enfin presque- se retrouvent face à un ennemi commun dans un conflit qui oppose les vivants aux morts, comme le répètent Jon et Davos. Comment vaincre l’armée des morts ? Le combat n’est pas vain et on ne va pas se mentir, on n’imagine pas une conquête des White Walkers pour conclure la série. Jon/Aegon tient un rôle de leader dans cette lutte, comme s’il devait accomplir une destinée et tuer lui-même le roi de la Nuit, auquel il a déjà échappé deux fois. Deux armes peuvent «tuer» les morts : le verre de dragon et le feu. Par conséquent, Rhaegal et Drogon, les deux autres dragons de Danaerys, devront se montrer efficaces et éviter de rejoindre Viserion dans l’autre camp. Le savoir de Samwell Tarly – qui a passé quelques temps à la Citadelle, siège de l’Ordre des Mestres – sera lui aussi capital.
Jon pourrait aussi compter sur le ralliement de Jaime, qui n’est pas du genre à fuir. Son futur est incertain, mais son courage et ses qualités de guerrier ne seraient pas de trop. De son côté, Cersei n’a pas eu l’éclair de lucidité attendu face au mort-vivant ramené par Jon. Au contraire, elle a compris que cette armée des morts pourrait affaiblir considérablement ses ennemis. Si Danaerys a voulu frimer en débarquant devant Cersei avec ses dragons, il ne lui a pas échappé qu’il en manquait un. La cruelle reine ne pense qu’à sa propre survie, au détriment de tout ceux qui l’entourent.
Il faudra maintenant patienter plus d’un an – peut-être même deux- pour assister à la conclusion de Game of Thrones, qui va proposer une 8e saison de six épisodes d’au moins 80 minutes. Cette saison 7 a clarifié les derniers gros enjeux de la série. La guerre contre les morts s’annonce sanglante, glaciale et meurtrière. Mais il faudra également (enfin) régler le conflit pour le Trône de fer, qui nous tient en haleine depuis six ans.
Clément Gavard
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