– Patrick Hugues ; 2017 –

Il y a des moments comme ça, dans la carrière d’un acteur, où l’on accepte des projets complètement farfelus. Hitman and Bodyguard est de ceux-ci. Si Ryan Reynolds et Samuel L. Jackson font bande à part dans l’univers Marvel, division Marvel Studios/Twentieth Century Fox oblige, les deux acteurs se voient ici forcés de collaborer dans un buddy movie sur fond d’espionnage et de manipulation politique. Aux manettes, Patrick Hugues : le réalisateur du troisième volet des Expendables, explosifs et testostéronés. Le résultat est-il aussi chic que son duo ? Verdict.

Un redoutable tueur à gages est contraint de témoigner contre son ancien employeur devant la Cour internationale de justice de La Haye. Interpol est alors chargée de l’escorter jusqu’aux Pays-Bas et engage le meilleur garde du corps du métier pour mener à bien cette mission. Mais c’était sans savoir que depuis des années, les deux hommes s’opposent : les voilà désormais obligés de s’associer pour tenter de survivre aux pires épreuves…

And I need you more than ever…

Trahisons sans suspens auprès d’Interpol, méchant aux hommes de main quasi-illimités… Il n’y a pas à dire, l’intrigue de Hitman and Bodyguard sombre dans le cliché. Mais c’est bien davantage pour les personnages de Michael Bryce (Ryan Reynolds) et Darius Kincaid (Samuel L. Jackson) et leurs pitreries que l’on fait le déplacement. Ces deux éternels rivaux passent leur temps à se tirer dans les pattes entre plusieurs assauts des hommes de main de Dukhovich. Le temps pour eux d’apprendre à se connaître, et à évoquer leurs histoires d’amour respectives. Presque aussi loser que Deadpool, Bryce à fort à faire face à la frenchie Elodie Yung (dont la moue furieuse rappelle quelques souvenirs bien douloureux – et pas si lointains – lorsqu’elle incarnait Elektra). Kincaid se voit quand à lui complètement assagi face à Salma Hayek, sûrement l’actrice qui est la plus en roues libres de tout le film mais aussi (étonnamment) la plus drôle.

Inutile de dire que Hitman and Bodyguard tombe très facilement dans l’excès : l’histoire assume bien volontairement ces conditions et n’hésite pas à en jouer. Gary Oldman y incarne Vladislav Dukhovich, un despote d’Europe de l’Est caricatural au possible, lorgnant du côté de Christoph Waltz dans Inglourious Basterds (sans le même panache). Voir son personnage remis en question par la communauté internationale, à l’heure même où rien n’est entrepris depuis des mois à l’encontre du dirigeant de la Tchéchénie (dont on connaît absolument les agissements) a même un petit goût… amer.

Il faudra pardonner à Hitman and Bodyguard sa musique affreusement passe partout et toute aussi clichée que le reste, ainsi que sa photographie souvent à la ramasse. Certains plans ultra-flous, ou à la lumière ultra-saturées, nous feraient presque pleurer des larmes de sang. Il est un peu regrettable de voir le monologue de Ryan Reynolds, au beau milieu des rues d’Amsterdam à feu et à sang, gâché par cette faute : difficile de ne pas apercevoir le fond de teint tartiné sur le visage de l’acteur… D’autres scènes d’action plus inventives, comme ce moment délirant dans un magasin de bricolage, feraient presque lorgner le film du côté de la violence décalée du premier Kingsman (où Samuel L. Jackson incarnait le méchant). Ce sont ces quelques fulgurances, et la grande sympathie que l’on ressent pour les deux acteurs, qui parviennent tant bien que mal à faire sortir le film du lot.

Gabin Fontaine

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