-Marc Dugain, 2017-

Un jour, le roi de France Louis XV fut promis à l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, avant de finalement épouser Marie Leszczynska à cause d’un concours de circonstances qu’explique L’échange des princesses.

Une enfance loin de l’insouciance

Louis XV a 11 ans lorsque le duc d’Orléans (interprété par Olivier Gourmet), alors régent, décide de marier le futur roi à la seule fille de Philippe V (joué brillamment par Lambert Wilson) roi d’Espagne, alors âgée de 4 ans. En échange, la fille du régent de France, Louise Élisabeth d’Orléans (qui a 12 ans lorsque cette décision est prise) est promise au fils aîné du roi d’Espagne. Le but de cet arrangement est de consolider la paix entre la France et l’Espagne suite à une guerre longue et éprouvante. Les deux jeunes princesses se retrouvent alors sur les routes et se rencontrent à la frontière franco-espagnole. Il se tient alors une cérémonie d’échange qui marque la fin de la première partie de ce film. Dans une deuxième partie, le long-métrage suit les deux jeunes filles dans leur nouvel environnement. Et si la jeune Anna Maria s’acclimate plutôt bien à Versailles et devient la coqueluche de la cour, il n’en est pas de même pour Louise Élisabeth d’Orléans. En effet, la jeune française n’approuvait pas ce mariage avec le prince héritier d’Espagne et le fait savoir dès son arrivée en restant cloîtré dans sa chambre. Il est intéressant de voir que l’Infante d’Espagne, malgré son jeune âge, est décidée à remplir le rôle qui lui a été assigné et que c’est, en fin de compte, la princesse la plus âgée qui cède au caprice et devient la bête noire de Philippe V.

High Sea Productions/ Scope Pictures

De la nécessité d’avoir un héritier

L’échange des princesses étant inspiré d’une histoire vraie, on retrouve quelques éléments historiques très importants et véridiques. D’abord, tout le long du film est traitée la question de la santé et la peur constante des individus de l’époque de la mort. En effet, au XVIIIe siècle, le vaccin n’existait pas et il n’était pas rare de mourir de la rougeole ou de la variole. Et dès qu’une personne proche du souverain tombait malade, la panique montait et toutes les mesures de protection possibles étaient prises pour éviter de se retrouver avec un roi souffrant. À l’époque où Louis XV est promis à l’Infante d’Espagne, il est d’autant plus nécessaire de le maintenir en vie qu’il n’a pas encore fait d’héritier. La pression mise sur les épaules de Louis XV est d’ailleurs considérable. À partir du moment où le jeune homme peut régner seul, à 13 ans, certains de ses proches, à l’image du duc de Condé, essayent de convaincre le souverain de rompre son mariage avec l’Infante afin d’épouser une fille déjà en âge de procréer pour assurer sa descendance au plus vite. Cet empressement était dû en partie à la peur que le roi tombe malade et ne meurt sans laisser d’héritier et cet argument finira d’ailleurs par avoir raison de l’attachement de Louis XV à la jeune Infante. Il finira par la renvoyer chez elle et épouser la fille du roi de Pologne. Cette course à la reproduction de la dynastie se retrouve également grâce au personnage du fils héritier du trône d’Espagne qui est poussé par son père à consommer son mariage, ce qu’il n’arrive d’ailleurs pas à faire, la jeune Louise Elisabeth d’Orléans se refusant à lui.

High Sea Productions/ Scope Pictures

L’aspect historique du film passe également par le travail fourni sur les costumes et les décors qui sont absolument sublimes et plongent le spectateur dans les cours princières du XVIIIe siècle et de leur faste autant en matières vestimentaire, qu’architecturale. Marc Dugain, le réalisateur a ainsi su rendre avec brio l’idée de grandeur si importante à cette époque. Il y a, en ce sens, une scène parfaitement exécutée où le jeune Louis XV revient à Versailles à la fin des travaux du château et monte, seul, le grand escalier de l’entrée. Tout semble absolument immense.
Il faut également noter les très belles performances des acteurs qui endossent les rôles de Louis XV, de l’Infante d’Espagne et de Louise Élisabeth d’Orléans, qui sont tous très charismatiques et jouent avec beaucoup de précision autant que d’émotion.

En définitive, L’échange des princesses est une très bonne fiction historique, portée par des acteurs talentueux et une réalisation bien maîtrisée.

Amélie G.

5/5 (2)

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