-Fatih Akin, 2018-

Le film In The Fade, pour lequel Diane Kruger a remporté le prix d’interprétation féminine au dernier festival de Cannes, est sorti cette semaine en salles. Il raconte l’histoire de Katja, qui perd son mari et son fils dans une attaque à la bombe.

Une mise en scène savamment orchestrée

In The Fade est un long-métrage divisé en trois actes. Le premier chapitre se concentre sur le personnage de Katja et ses réactions suite à l’attentat qui a coûté la vie à Nuri, son mari et à Rocco, son fils. Elle doit alors subir une double peine, entre son deuil personnel et l’enquête judiciaire; qui penche d’abord pour un règlement de compte. Les enquêteurs sont en effet persuadés que Nuri, ancien trafiquant de drogues n’a jamais totalement coupé les ponts avec les milieux criminels alors que Katja soutient que l’acte qui lui a coûté la vie est un crime haineux, Nuri étant d’origine turque. Elle accuse d’ailleurs les forces de police de considérer son époux comme coupable plutôt que comme victime.

La deuxième partie du film se focalise sur le procès. C’est finalement bien deux Allemands, appartenant à un groupuscule néo-nazi, qui sont confondus en justice pour le meurtre de Nuri et Rocco. Suite à des débats, parfois très difficile pour Katja, les deux accusés sont acquittés sur le bénéfice du doute. C’est alors qu’intervient le troisième acte, où Katja plonge dans la vendetta. Faute d’avoir obtenu justice légalement, elle décide de prendre les choses en main et suit le couple, nouvellement acquitté, en Grèce. Ces différentes parties se suivent de façon tout à fait logique et permettent de créer un récit fluide, entrecoupé de retournements de situations dans chaque acte afin de nourrir le suspens et ne pas perdre l’intérêt du spectateur.

Pathé Distribution

Une œuvre hautement politique ?

Ce film s’inscrit, sans aucun doute possible, dans un contexte socio-politique explosif. In The Fade a beau mettre en scène une histoire fictive, son inspiration lui vient de faits bien réels : les agissements de la NSU, groupe allemand d’extrême droite, responsable de neufs assassinats d’étrangers entre 2000 et 2011. De manière plus générale, l’œuvre fait écho à la nouvelle montée en puissance des partis d’extrême droite et des mouvements néo-fascistes, partout en Europe. In The Fade permet également de rappeler, dans un contexte d’islamophobie de plus en plus exacerbé, que l’Islam radical n’est pas le seul danger qui plane au-dessus de nos têtes.

On pourra peut-être regretter le portrait, sans nuances, du couple néo-nazi à l’origine de l’attaque. Ils sont, en effet, dépeints comme des fanatiques d’Adolf Hitler, des monstres sans cœur mais jamais le film ne tente de développer les raisons pour lesquelles ils en sont arrivés à une telle extrémité.

Pathé Distribution

Malgré ce défaut, le film reste extrêmement intéressant et passionnant. On peut d’ailleurs souligner la performance de Diane Kruger, absolument bouleversante dans le rôle de cette femme, qui se définissait elle-même comme mère et qui se retrouve, du jour au lendemain, seule, arrachée de la façon la plus violente qui soit d’une partie d’elle. Il ne fait aucun doute que ce prix d’interprétation féminine à Cannes est largement mérité.

En définitive, In The Fade est un film poignant qui met en scène une femme brisée et qui pourtant trouve la force de se battre pour rendre justice aux êtres qu’elle chérissait tant. Portée par une Diane Kruger époustouflante, il ne fait aucun doute que cette œuvre chamboule le spectateur.

Amélie G.

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