– Stéphane Kazandjian ; 2017 –

Eric et Quentin se retrouvent mêlés à un «bad buzz» dans la comédie de Stéphane Kazandjian. L’occasion de revenir sur le pouvoir que possède Internet de faire et défaire des réputations.

Un absurde quiproquo

Eric et Quentin sont un duo qui anime une émission très regardée des enfants. Ils vont se retrouver affrété d’un «bad buzz» du jour au lendemain après qu’une image d’eux en soirée ait été postée sur les réseaux sociaux et mal interprétée. Ils ont alors deux jours pour régler la situation en faisant un «bon buzz». Parallèlement à cette mauvaise publicité pour leur image, Quentin perd sa grand mère et doit partir assister à ses funérailles au Havre. Il va alors se mêler ainsi la nécessité d’aller aux funérailles et celle de rétablir l’image du duo vedette. Les deux acolytes, qui traversent par ailleurs une crise dans leur amitié hors plateau, se retrouvent donc au Havre. Ils vont alors enchaîner les mésaventures dans des situations incongrues, qui frôlent parfois l’humour noir comme lorsqu’ils se retrouvent au funérarium et mettent par inadvertance le feu au cercueil de la grand mère décédée. Un humour plus absurde a aussi sa place dans cette comédie totalement déjantée par le biais du chat de la mère de Quentin qui se révèle être quelque peu agressif envers les garçons.

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Une critique des nouvelles formes de médias

En s’attaquant au phénomène du buzz de façon humoristique, il se dégage de ce film une critique grinçante des médias d’aujourd’hui. Il dénonce cette recherche désespérée de faire parler de soi par tous les moyens : la scène du funérarium où le cercueil prend feu est ainsi le résultat d’un chandelier qui tombe par accident alors qu’Eric et Quentin tente de prendre une photo avec la défunte, persuadés que cela touchera les gens. Si la scène peut choquer elle fait pourtant état d’un phénomène bien réel de jeunes qui ne voient aucun souci dans le fait de se prendre en photo avec un proche mourant à l’hôpital.

De façon plus générale, cette comédie pointe également du doigt les conclusions hâtives qui peuvent être faites par le biais d’une photo ou d’une vidéo publiée sur Internet, hors de tout contexte et questionne, du même coup, le manque de vérification de l’information et de recul que peuvent avoir certains médias. Il tente également d’illustrer les conséquences néfastes que cela peut avoir sur la ou les personnes concernées notamment les insultes sur les réseaux sociaux.

A coté de cette critique acerbe, le film n’en oublie pas certains autres sujets de société par le biais de personnages secondaires. Le duo fait ainsi la connaissance de deux frères trisomiques dans le bus pour le Havre qui leur apprennent que le mot «trisomique» n’est pas un vilain mot. Ils croisent également la route d’une migrante que les deux héros défendent face à un groupe de  »patriotes » xénophobes qui exhortent les migrants à rentrer chez eux ». Les protagonistes sont, par ailleurs, utilisés dans des situations comiques qui utilisent parfois un humour lourd qui peut déplaire, spécialement avec les frères trisomiques. Il faut dire qu’Eric Metzger et Quentin Margot, qui interprètent ici leur propres rôles ne sont pas connus pour leur subtilité… Il faut le dire : Bad Buzz ne peut plaira pas à tout le monde ! Toutefois, le but principal de ces personnages secondaires est avant tout de montrer l’aspect humain du duo dans la tourmente, en totale rupture avec l’image que renvoie d’eux le bad buzz. Ironiquement, ce côté de leur caractère, qui pourrait leur permettre justement de faire un bon buzz, reste caché.

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Bad Buzz est donc, en somme, une comédie qui dépeint avec beaucoup de sarcasme et d’ironie les dérives qu’entraîne Internet sur la façon de traiter l’information. Le film reste un bon divertissement, à condition de faire fi de l’humour parfois maladroit d’Eric et Quentin.

Amélie G.

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