– Steven Soderbergh ; 2017 –

Après quatre ans de pause, Steven Soderbergh fait son retour dans les salles de cinéma en retrouvant son genre de prédilection, le film de casse. Loin de calquer la formule de sa saga Ocean, le réalisateur aligne avec Logan Lucky une équipe de rednecks en apparence bien éloignée du casting trois étoiles réuni autour de George Clooney. La recette reste néanmoins inchangée et ce sont bien les goûts de Soderbergh pour l’humour et l’absurde qui font de Logan Lucky une comédie décalée fort appréciable.

Portée par un trio d’acteurs investis à merveilles dans l’absurde de leur rôle, la réalisation de Soderbergh se présente comme un hommage à une Amérique des marges, celle de rednecks ratés en quête d’illégalité. Daniel Craig semble s’épanouir dans un registre pourtant éloigné de ses standards habituels, Adam Driver n’en finit pas de développer ses rôles d’impassible touchant et Channing Tatum retrouve une nouvelle fois Soderbergh dans un rôle décalé après Magic Mike. Profondément ancré géographiquement, Logan Lucky nous offre une virée grandiloquente dans une Amérique subtilement caricaturée. L’esthétique retro, qui s’appuie notamment sur la bande-originale, contribue par ailleurs à l’immersion du spectateur dans ces territoires quelque peu marginaux.

A l’absurde des personnages se conjugue l’absurde des situations, qu’il s’agisse du statut de losers assumé par les deux frères Logan ou des épisodes dans la prison de la région. On notera par ailleurs que Soderbergh s’amuse de la dissonance de ses personnages, ce que vient confirmer l’épisode du chant de la fille de Jimmy Logan ; nous regrettons toutefois que Soderbergh tire des ficelles scénaristiques aussi dispensables qu’elles sont caricaturales, notamment celle de la figure du père raté.

ARP Sélection

L’ensemble de la réalisation repose sur le postulat initial qu’une malédiction touche la famille Logan. De fait, présenter les deux personnages principaux comme d’incommensurables losers permet à Soderbergh d’amorcer un twist qui donne toute sa saveur à la réalisation et qui brise alors l’image d’amateurisme qui prime jusque-là. Ce même twist est cependant décevant en ce sens qu’il est utilisé maladroitement par le réalisateur, puisqu’il ne laisse jamais l’occasion au spectateur de deviner une telle issue ; on assiste alors à la subversion de ce levier scénaristique qui se mue presque en deus ex machina.

L’autre faiblesse de Logan Lucky réside dans son rythme ; bien qu’elle soit ponctuée de phases d’action et de climax d’action et d’absurde, la réalisation pose un rythme très lent qui  dilue parfois bien trop la trame principale. Si l’issue du film redonne de la couleur à l’ensemble, il reste toutefois difficile de considérer Logan Lucky à travers l’action qu’il déploie, ou plutôt, en l’occurence, qu’il étire.

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En reste que l’on appréciera en définitive l’esthétique absurde et par moments véritablement subtile de Logan Lucky. L’oeuvre profite pleinement de ses acteurs pour s’imposer comme une comédie agréable et un film de braquage original. Si le twist final se révèle ambivalent, il n’en reste pas moins salutaire pour conférer un relief somme toute considérable à l’ensemble du travail de Soderbergh.

Vincent Bornert

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