-Terry Gilliam ; 2018-

Présentée en clôture du Festival de Cannes, l’œuvre « maudite » de Terry Gilliam, qui aura mis 25 ans à être réalisée, est enfin sortie dans nos salles obscures.

Un film complètement déjanté

Pour commencer, les éléments classiques du roman de Cervantès se retrouvent dans le film. Un vieillard se prend pour le grand chevalier fictif Don Quichotte et part à l’aventure. On retrouve même la fameuse scène où il prend des moulins pour des géants.
Tout le talent de Gilliam est de retranscrire cette histoire classique, dans une autre époque, le XXIe siècle et dans un autre contexte. En effet, le Don Quichotte de ce film est Javier, un cordonnier. Il est choisi par un jeune, Toby, qui finit ses études de cinéma. Son projet de fin d’études est un film sur Don Quichotte et Javier finit par se prendre pour son personnage. Mais cela, Toby ne le découvre que 10 ans après sa première venue, dans le cadre du tournage d’un nouveau film. Il se retrouve alors à suivre Javier (qui prend le réalisateur pour Sancho) dans ses aventures imaginaires après un enchaînement de situations plus rocambolesques les unes que les autres.

Diego Lopez Calvin / Océan Films

 

Un pari réussi ?

Il ne fait aucun doute que la réputation de ce film le précède. Terry Gilliam aura mis pas moins de 25 ans à pouvoir donner le jour à ce projet. De ce point de vue, l’oeuvre peut nourrir de fortes attentes, ou tout du moins le spectateur rentre dans la salle en étant intrigué. De fait, la déception peut aussi être très grande. Est- ce le cas ? La réponse à cette question est très subjective mais on peut se risquer à dire que tout un chacun peut passer un bon moment devant cette oeuvre.  L’histoire est indéniablement intéressante. Le rythme du film est assez survolté à l’image de son scénario et la réalisation rend d’ailleurs bien ce sentiment. La caméra bouge beaucoup, on n’a pas réellement le temps de s’ennuyer. En outre quelques scènes, qu’on peut qualifier « d’action », assez mémorables en plus d’être comiques sont marquantes, comme lorsque Javier, alias Don Quichotte, attaque un moulin qu’il prend pour un géant ou encore lorsqu’il combat un autre chevalier et gagne par pure chance. En outre, les acteurs livrent des performances à la fois énergiques et touchantes. Adam Driver incarne avec brio Toby et Jonathan Pryce est très convaincant en cordonnier devenu fou.
On ne peut tout de même pas s’empêcher de voir pointer comme une sorte de sentiment amer en regardant ce film. Toby apparaît comme une représentation que peut se faire Gilliam de lui-même et de ses galères liées à la réalisation du long-métrage. L’idée de malchance est ainsi un leitmotiv du film, comme un running gag teinté d’animosité. On ne peut s’empêcher de se dire que le film aurait rendu différemment s’il avait pu être réalisé correctement 25 ans plus tôt, les thèmes récurrents inhérents à l’oeuvre n’auraient ainsi peut-être pas été les mêmes.

Diego Lopez Calvin / Océan Films

 

L’homme qui tua Don Quichotte est donc un film complètement fou, au rythme infernal, porté par des acteurs talentueux. Même s’il y a parfois quelques longueurs, cette œuvre reste un bon moment de divertissement.

Amélie G.

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