– Tommy Wirkola ; 2017 –
Noomi Rapace à l’écran en sept exemplaires, ça ne vous rappelle rien ? L’actrice n’est pas la première à réaliser la prouesse d’un rôle aux multiples identités : outre les différentes facettes de James McAvoy dans le dernier film de Shyamalan, Split (dont la suite, Glass, entre bientôt en tournage), l’intrigue de Seven Sisters évoque inévitablement la série Orphan Black, qui s’est achevée au bout de sa cinquième saison il y a quelques semaines. Sa principale interprète Tatiana Maslany a même remporté un Emmy pour sa performance dans la peau de Sarah Manning et ses multiples clones… Le film de Tommy Wirkola ne joue cependant pas la carte de la manipulation génétique, mais s’intéresse davantage à un enjeu planétaire : la surpopulation…
2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, toutes prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparaît mystérieusement…
Karen et ses sept paires de mains
Nous l’avons dit : Seven Sisters est loin d’avoir inventé l’eau chaude. Les sept facettes qui composent la seule et unique Karen Settman ne sont pas sans rappeler les multiples personnalités aperçues dans la série Orphan Black : la battante, la bosseuse, l’introvertie, la geek de service… Malgré tout, Seven Sisters parvient à se détacher de sa principale inspiration par un scénario d’anticipation qui, à défaut d’être réellement surprenant contrairement à ce que martèle la promotion du film, pourrait devenir réalité. Et si un jour, la politique de l’enfant unique déjà appliquée en Chine s’étendait à d’autres super-puissances pour préserver nos ressources ? La frigide Nicolette Cayman, incarnée par Glenn Close, n’est pas non plus sans rappeler le rôle que tenait cette dernière dans The Last Girl – Celle qui a tous les dons : une scientifique prête à tout afin de trouver un remède contre l’apocalypse zombie qui ravage la Terre. À défaut de zombies, Cayman doit faire face aux sept nains sœurs, prêtes à utiliser chacune leurs propres habiletés pour retrouver leur semblable disparue, Monday.
Si elle ne parvient pas à la cheville de Tatiana Maslany, faute d’avoir le temps d’apporter suffisamment de matière à chacun de ses sept personnages en deux heures de film, Noomi Rapace jongle habilement entre les genres, un temps dans l’émotion, l’autre dans la rage la plus viscérale ; celle de voir ses semblables touchées par le mal. Rapace passe avec aisance d’un rôle à l’autre, cohabite habilement avec ses copies à l’écran (dans l’une des scènes d’exposition, l’une des sœurs tient les cheveux de l’autre entrain de vomir). La plus violente d’entre elles, cheveux courts et toute de noir vêtue, évoque avec surprise le personnage de Lisbeth Salander, que l’actrice a incarné dans les trois adaptations suédoises de Millénium, où elle se montrait déjà faite pour l’action. Et si elle reprenait son rôle dans le reboot US prochainement réalisé par Fede Alvarez ?
À défaut de connaître exactement le pays où se déroule l’intrigue de Seven Sisters, force est de constater qu’elle nous concerne tous. De la surveillance quasi-constante (caméras de surveillance, traçage GPS) aux dérives alimentaires (l’abus d’OGM dans les légumes provoque ces naissances surnaturelles), bon nombre d’enjeux sont soulevés – peut-être pas toujours de manière très fine, certes. Au-delà de sa vision dystopique, Seven Sisters est avant tout une histoire de famille : que se passe-t-il lorsque la fille modèle de toute une fratrie, considérée comme un exemple pour toutes, disparaît ? Les (trop rares) scènes où figure Willem Dafoe et ses (très jeunes) petites filles sont suffisamment touchantes pour mieux comprendre le caractère de ces sept sœurs.
Produit par la France (et distribué par SND dans les salles), Seven Sisters apporte un peu de fraîcheur parmi les grosses sorties de l’été, peu de temps avant la sortie du très attendu Blade Runner 2049, héritier d’un ponte de la science-fiction nommé Ridley Scott. Disponible sur Netflix dans le reste du monde, l’oeuvre offre l’occasion au duo Noomi Rapace – Willem Dafoe de pouvoir inviter convenablement le public à découvrir, sur tous les écrans, ce qu’il est arrivé à Monday. Dommage cependant que cette sortie mondiale ait eu lieu… juste avant la sortie française, limitée aux salles de cinéma.
Gabin Fontaine
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