– Taika Waititi ; 2017 –
Pour notre dernier rendez-vous de l’année avec le Marvel Cinematic Universe, nous retrouvons en quelque sorte le chat noir du groupe… Après un deuxième volet à la production plus que mouvementée et le départ tout aussi fracassant de Natalie Portman de la franchise, c’est au réalisateur Taika Waititi de redresser la barre avec Thor : Ragnarok. Un nouveau départ pour le dieu du tonnerre, toujours incarné par Chris Hemsworth, mais dont les premières images ont suscité beaucoup d’inquiétude de la part des cinéphiles : la patte esthétique volontairement rétro et flashy du film, sa bande-son rock et son humour beaucoup plus prononcé évoquent inévitablement Les Gardiens de la Galaxie, dont le second volet vient tout juste de sortir en DVD et Blu-Ray. Thor : Ragnarok n’a-t-il de cool que ses influences ou parvient-il à faire entendre sa propre voix ? S’il n’est pas exempt de défauts, comme bien des films de Marvel Studios, il s’impose tout de même comme l’un des plus audacieux et divertissants.
Y’a pas à dire : avec son marteau, Thor se la pète un peu. Mais lorsqu’une entité des plus maléfiques le brise en un temps, trois mouvements, le dieu du Tonnerre se retrouve impuissant et propulsé à l’autre bout de l’univers. Pour sauver Asgard, il va devoir lutter contre le temps afin d’empêcher l’impitoyable Hela d’accomplir le Ragnarök – la destruction de son monde et la fin de la civilisation asgardienne. Mais pour y parvenir, il va d’abord devoir mener un combat titanesque de gladiateurs contre celui qui était autrefois son allié au sein des Avengers : l’incroyable Hulk…
Les Paumés de la Galaxie ?
Au-delà des craintes évoquées précédemment, avouons tout de même que l’intrigue de Thor : Ragnarok partage quelques similitudes avec celle des Gardiens de la Galaxie Vol. 2 sorti quelques mois plus tôt. Sans trop entrer dans les détails pour éviter les spoilers (à défaut d’un journaliste australien qui, en pleine promotion du film, a mis les pieds dans le plat en évoquant un important détail scénaristique), le scénario repose énormément sur la notion de famille et de trahison, à l’image de ce que Star-Lord (Chris Pratt) vit en rencontrant Ego (Kurt Russell), son père. Les personnages traversent une même période d’incertitude, lorsque le groupe doit se séparer et ses membres survivre chacun de leur côté. L’objet du film est après tout le même que tous les autres : sauver une fois encore l’univers.
Aussi, force est de constater que Marvel Studios continue à s’accaparer de grands noms du cinéma pour incarner ses antagonistes sans pour autant parvenir à faire d’eux des personnages marquants (rappelons la décevante performance de Sigourney Weaver du côté de la série Marvel’s The Defenders, produite par Netflix et sortie cet été). Malgré tout son talent, Cate Blanchett ne déroge pas à la règle : en dépit de belles punchlines, le personnage d’Hela est trop en retrait pour que celle-ci puisse pleinement s’imposer comme une menace – aussi parce que l’on sait bel et bien que Thor ne meurt pas, puisqu’il figurera dans Avengers : Infinity War l’an prochain. Dans cette phase du Marvel Cinematic Universe, Thor : Ragnarok n’est qu’une grande récréation (les scènes post-génériques, toujours très attendues, ne sont d’ailleurs pas très enrichissantes sur la suite des événements), mais quelle récré ! Le choix de Taika Waititi, avant tout réalisateur de comédie, parvient à sortir le héros de sa thor-peur (badumtss).
Ça (ragna)rocke !
Malgré son statut de stand-alone oubliable, Thor : Ragnarok apporte un léger vent de fraîcheur à l’univers Marvel dans sa manière de jouer avec les codes du film de super-héros. Privé de son marteau, Thor pense sa stature de héros atteinte : bon nombre de scènes jouent sur ces clichés vu et revus du super-héros qui, en toute puissance, lance une punchline ravageuse. C’est là qu’intervient le talent de Taika Waititi et de ses scénaristes qui tournent en ridicule Thor, mais également sa grande ennemie, Hela, à travers un éventail de jeux comiques. Le personnage de Tessa Thompson, farouche guerrière (souvent enivrée), s’impose comme l’une des plus belles réussites de cet opus, à l’image du Grandmaster incarné par le loufoque Jeff Goldblum.
Si certains plans piquent les yeux (faute à des décors numériques trop vulgairement insérés), d’autres scènes font de Thor : Ragnarok l’un des films les plus audacieux du Marvel Cinematic Universe, sur le plan visuel. La planète de détritus et ses décors ultra colorés, le retour du pont menant au Bifrost d’Asgard, le Palais et même la scène d’introduction du film, où une longue séquence de poursuite est entièrement composée d’effets numériques réservent quelques images qui décollent la rétine. La musique de Mark Mothersbaugh, profondément ancrée dans un esprit eighties, contribue largement à renforcer cette ambiance cool qui, après tout, convient particulièrement bien au Dieu du Tonnerre.
Gabin Fontaine
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