-Alex Garland, 2018-

Après Ex-Machina en 2014, Alex Garland livre un nouveau film de science-fiction : Annihilation disponible sur Netflix depuis le 12 Mars.

Phénomènes paranormaux

Enfermée dans une pièce, avec des hommes en combinaison de protection face à elle, Lena (jouée par Natalie Portman) est interrogée sur une mission dont elle a été la seule à revenir. Quelques mois auparavant, cette biologiste, ancienne de l’armée a rejoint les rangs d’un groupe composé de 4 autres femmes scientifiques : Dr Ventress (Jennifer Jason Leigh), Anya Thorensen (Gina Rodriguez), Jodie Radek (Tessa Thompson) et Cass Shepard (Tuva Novotny). Leur tâche est d’infiltrer une zone sous contrôle d’un phénomène aux origines mystérieuses dont personne n’est jamais revenu sauf un soldat : le sergent Kane, le mari de Lena, qui se comporte de façon changée depuis son retour. Les scientifiques doivent aller étudier le secteur, ramener le maximum d’éléments susceptibles d’aider leurs collègues à découvrir la nature du phénomène.
Elles découvrent alors une aire où plantes et animaux ont subi des modifications génétiques surprenantes et se retrouvent ainsi, par exemple, nez à nez avec un crocodile muni d’une dentition proche de celle d’un requin. Malgré les dangers qui rodent, elles décident d’avancer afin d’atteindre le centre du phénomène, un phare, premier objet touché par cette force mystérieuse.

Paramount Pictures

Un concentré d’émotions

Comme tout bon film ayant son lot de plantes et d’animaux génétiquement modifiés, la peur hante chacun de ses personnages. Anya, vers le milieu de l’oeuvre, pense ainsi sérieusement à faire marche arrière et rentrer à la base avant qu’il lui arrive quoi que ce soit. Mais Lena arrive à la convaincre de les suivre, scellant par la même son destin.
Mais au-delà de la peur, le long métrage met en scène 5 femmes qui chacune à leur façon, n’ont plus rien à perdre. En effet, elles ont toutes leurs démons : un deuil difficile à porter, une ancienne addiction, une maladie qui les ronge.  Par conséquent, elles se lancent corps et âme dans cette mission, certes dangereuse, mais qui leur donne un objectif à atteindre, auquel se raccrocher : comprendre le phénomène paranormal afin de réussir à le détruire.
Si les personnages sont bien écrits, et ont une profondeur qui permet aux actrices de livrer des performances toutes très fortes en émotions, qui montre à la fois leurs fragilités et leur force, il y a comme un élément manquant pour faire de ce film une réussite totale : un réel esprit d’équipe. Si Anya, Jodie et Cass se connaissent déjà depuis plusieurs mois ou semaines et ont formé un vrai lien d’amitié, Lena reste largement exclue, en partie car elle-même ne semble pas apte à se confier et leur cache son lien marital avec le sergent Kane et donc, la raison principale de sa présence sur la mission. Seul Ventress sait pour Kane car elle dirige l’opération et a parlé en aval avec Lena. On peut donc voir se développer une relation de confiance entre Lena et Ventress tandis que les trois autres forment leur clan de leur côté. Et si un lien commence à apparaître entre Lena et Cass, le déroulé des événements va couper court à toute possibilité d’évolution de leur relation. Le groupe reste alors largement divisé en deux – même si on perçoit une forme d’entraide lorsqu’elles sont face à une situation de danger – et leurs échanges ont plus l’air de relever de la politesse que de la réelle envie de nouer des amitiés. Finalement, tout est fait pour rappeler que le personnage principal de cette histoire est Lena, ce qui empêche d’impliquer totalement le spectateur lors de scènes de groupes un rien « en dessous ».

Paramount Pictures

Annihilation est donc un film intriguant, qu’on visionne avec intérêt, espérant avoir le fin mot de l’histoire sur la nature du phénomène qui sévit dans la zone où s’aventurent les cinq femmes. Fort d’un casting talentueux et de personnages attachants, le film implique émotionnellement le spectateur qui sera tour à tour angoissé, pris de curiosité malsaine voire triste. Il ne manque à l’œuvre qu’un vrai développement d’esprit d’équipe entre les cinq femmes qui aurait pu accentuer l’émoi du spectateur lors de scènes assez tragiques. Mais le long-métrage reste de bonne facture et fait vivre une expérience qui peut ébranler notre sensibilité.

Amélie G.

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