– David F. Sandberg ; 2017 –

En attendant le retour du clown Pennywise en septembre dans le remake de Ça, adapté de Stephen King, Warner Bros. nous fait prendre notre mal d’horreur en patience avec le nouveau chapitre de la saga Conjuring. Trois ans après le premier (et raté) Annabelle, déjà un préquel à Conjuring : Les Dossiers Warren, la poupée diabolique est de retour pour nous conter… sa création.

Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d’un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d’Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…

On prend les mêmes et on recommence ?

Second spin-off de la saga horrifique à succès portée par James Wan (que l’on retrouve ici à la production), Annabelle 2 : La Création du Mal s’inspire grandement de la mise en scène de ses épisodes parents et de la patte de leur réalisateur. C’est David F. Sandberg que l’on retrouve désormais à la barre de cet opus : le metteur en scène était déjà derrière Dans le noir, le succès horrifique de la Warner sorti l’été dernier ET produit par James Wan. Chez Warner, autant ne pas changer une équipe qui gagne : Sandberg sera également aux manettes de Shazam, l’un des prochains films issus du DC Cinematic Universe, tandis que Wan est actuellement à l’œuvre sur Aquaman.

Warner Bros

Ces explications peuvent sembler rébarbatives, or elles illustrent parfaitement l’état d’esprit actuel des grandes majors américaines avides de créer des univers connectés à n’en plus finir. Annabelle 2 suit strictement la même démarche que Universal Studios pour Ouija. Un premier volet massacré par la critique mais fructueux au box-office, suivi d’un second film voué à expliquer les origines du mal. Ouija 2 : Les Origines, réalisé par Mike Flanagan, fut bien plus ambitieux que son aîné et révéla la petite Lulu Wilson, nouvelle enfant star. Surprise : la jeune actrice est de retour dans Annabelle 2 ! Linda, son personnage, ne quitte jamais Janice (Talitha Bateman), sa « sœur de cœur » dont elle souhaiterait ne jamais être séparée. Difficile à espérer quand Annabelle est dans les parages…

Le mal incarné

Malgré bien des efforts pour remonter la pente après le premier film signé John R. Leonetti, Annabelle 2 ne parvient pas à dépasser le rang de « sous-Conjuring ». À plusieurs reprises, la caméra de Sandberg tente de reproduire les audacieux mouvements de James Wan sans le même panache (le plan séquence introductif, qui présente la maison et les personnages, est tout droit copié des deux premiers Conjuring). Le film met énormément de temps à susciter la tension et se repose sur des jumpscares trop appuyés par la musique de Benjamin Wallfish. De quoi faire artificiellement durer le suspense jusqu’aux maigres révélations sur l’origine du mal, sempiternel dernier acte trop explicatif (et nullement surprenant) pour le spectateur, déjà bien habitué à des histoires semblables. Restent quelques scènes efficaces, comme celles dans la grange, un lieu à fuir définitivement si vous souhaitez éviter un pépin (oui, on vous a entendu parler de The Walking Dead derrière votre écran). Le réalisateur se permet même quelques clins d’œil à son précédent film, puisque la menace y provient… du noir.

Warner Bros

L’interprétation des jeunes filles apporte davantage de fraîcheur et de naturel à l’ensemble du film : après tout, les enfants ont toujours été les meilleures trouvailles de la saga Conjuring. Une petite bande de filles au caractère bien trempé, dont la diversité fait la dynamique du film. Annabelle 2 replace la fragilité psychologique au cœur de son intrigue via ces petites filles, mais aussi à travers l’évolution des Mullins, dévastés par la mort de leur enfant. Dommage que l’interprétation du père, incarné par Anthony LaPaglia, paraisse cependant si caricaturale.

Univers Conjuring oblige, Annabelle 2 : La Création du Mal rattache habilement les wagons avec ses autres opus et s’autorise bon nombre de clins d’œil à la saga. Peut-être parfois de manière un peu trop appuyée, en faisant référence à The Nun, le nouveau spin-off inspiré du démon Valak (aperçu dans Conjuring 2 : Le Cas Enfield) actuellement en production. Était-il réellement nécessaire de lier à ce point tous les personnages et démons de cet univers ? Ce chapitre de la saga Conjuring, qui devrait nous en apprendre davantage sur les malheurs vécus par Lorraine Warren (Vera Farmiga), sortira sur les écrans l’été prochain. Un autre film dérivé est quant à lui prévu sur le « Crooked Man » (l’homme tordu), qui figurait également dans Le Cas Enfield). Il ne manquerait plus que l’épouvantail des Mullins ait également droit à son spin-off !

Gabin Fontaine

5/5 (1)

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