– Olivier Marchal ; 2017 –

Antoine Roca (Benoît Magimel) dirige l’entreprise familiale dans le plus grand respect de la législation et du fisc. Jusqu’au jour où la conjoncture économique menace de l’obliger à déclarer sa boîte en faillite. Déterminé à montrer qu’il n’est pas le loser que sa femme et son beau-père voient en lui, il met en place une combine lui permettant d’amasser rapidement de grandes sommes en spéculant sur les droits à polluer et en fraudant pour éviter toute TVA. Mais le business en dehors du cadre légal le force à se confronter à un beau-père déterminé à l’écraser, des complices hors de contrôle, des enquêtes de la brigade financière et des figures violentes du grand banditisme.

S’inspirant d’une affaire bien réelle – l’arnaque à la TVA carbone -, Olivier Marchal nous livre un thriller comme il sait bien les faire :  un film sombre, violent, nerveux. Sur le papier, une arnaque basée sur du trading de quotas d’émission de CO2 ne parait pas être un sujet passionnant, et elle ne sert finalement que de toile de fond pour le film, de prétexte à l’enrichissement du (anti-)héros, de point de départ à sa chute dans le monde du crime.

Le tour de force du réalisateur est de trouver un équilibre dans sa narration. Le spectateur perd ses repères, ne sachant s’il veut que le personnage principal s’en sorte ou pas. Aucun personnage n’est réellement innocent, impossible de trouver un manichéisme confortable dans les différentes situations auxquelles les protagonistes font face.

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Il faut dire que le réalisateur a pu s’appuyer sur un bon casting allant d’un Mickaël Youn qui démontre qu’il n’est pas qu’un acteur comique à un Gérard Depardieu parfait dans sa composition de beau-père prêt à tout pour détruire l’homme qu’il ne considère pas être à la hauteur de sa fille. On notera aussi la belle performance de Dani, campant à merveille une matriarche un peu mafieuse mais très protectrice de ses fils, embourbés dans les magouilles d’Antoine Roca.

Côté scénario, s’il est vrai que certains événements et rebondissements sont prévisibles et certaines intrigues dans le récit mériteraient d’être développées pour avoir un réel intérêt, il n’en demeure pas moins que Carbone tient le spectateur de la première scène à la dernière. Le film, dont on peut saluer une BO réussie – l’utilisation de Suicide social d’Orelsan au tout début du long-métrage est particulièrement marquante -, réussit à ne pas sombrer dans le côté donneur de leçon. On regrettera néanmoins que la réflexion sur l’interdépendance entre le pouvoir et l’argent, et surtout sur le pouvoir que confère l’argent, ne soit peut-être pas traitée avec beaucoup de profondeur et de subtilité. Mais après, est-ce vraiment ce que cherche le spectateur avec un tel film ?

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En somme, l’ex-flic Olivier Marchal démontre une fois de plus dans Carbone qu’il est un des maîtres actuels du polar. Jamais aussi à l’aise que dans la représentation des milieux du banditisme et des flics ripoux, il nous offre un nouveau film dans la lignée de ses précédents, à conseiller à ceux qui aiment les oeuvres sombres qui ne sombrent pas dans le moralisme.

David Bolton

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