The Terror nous avait plutôt mis dans de bonnes dispositions après deux épisodes, mais quelle n’est pas notre surprise après voir regardé les épisodes 3, 4 et 5 et de constater que c’est encore meilleur que prévu. Pour rappel, cette série nous raconte l’histoire d’une expédition navale dans les mers arctiques qui tourne mal, et encore on est sympa.

Il convient ici de revenir sur notre compte-rendu des deux premiers épisodes, à lire ici. Enthousiasmés, nous avions quand même un peu peur que la série ait grillé déjà toutes ses cartouches et s’engonce dans un récit attentiste pendant six épisodes, avant de dévoiler deux ou trois volets finaux plus corsés. Sachez qu’il n’en est rien, au contraire, l’épisode 3 est même le vrai signal de départ de l’escalade mortelle. Le rythme de la série reste assez mesuré et il faut accepter de s’y fondre, mais on est tentés de dire que c’est ce qui la rend délicieusement insoutenable, et il faut absolument préciser qu’il se passe beaucoup de choses, et surtout, que The Terror n’est jamais chiante. Ja-mais.

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TERREUR 404

Chaque épisode livre ses moments de tension et ses suspenses intenables, culminant souvent dans un éclat soudain de gore et de viscères (on le souligne vraiment, jusque-là la série était plutôt sympa, mais attendez-vous à une certaine dose de pâté de tête et de cuissot confit). Moment de terreur après moment de terreur, la série prélève son dû et plonge un peu plus notre équipage dans l’horreur, chaque épisode nous enfonce encore un peu plus loin dans les ténèbres sans jamais verser dans la facilité d’écriture ou négliger ses personnages. Bref : tous les épisodes de The Terror tuent, dans tous les sens du terme, et clairement, on est convaincus, et on a même du mal à trouver des choses à redire.

Photo Tobias Menzies, The TerrorUne série comme ça

On s’était donc arrêtés juste avant l’épisode 3 et, oh bonne mère… Si la première (et unique, jusque-là) attaque du monstre nous avait un poil déçus, les suivantes relèvent clairement le niveau et surprennent même par leur degré de craderie. The Terror n’hésite pas ainsi à nous montrer des mises à mort particulièrement graphiques sans être voyeuses pour autant. Mais ce qui rend les assauts vraiment mémorables, c’est qu’ils sont servis par une mise en scène qui maîtrise parfaitement les codes du suspense et sait aussi bien jouer avec nos nerfs dans les moments d’attente que nous surprendre quand on ne s’y prépare pas SANS JAMAIS AVOIR RECOURS AUX JUMPSCARES.

La série a également l’intelligence suprême de ménager ses effets et de dévoiler petit à petit seulement le caractère increvable et inlassable de la créature, comme en témoigne la scène du mât, absolument dantesque et jouissive. De ce côté-ci, la patte du créateur d’Alien se fait clairement sentir, et le producteur Ridley Scott nous sert sur un plateau une terreur rampante aux mécaniques narratives et au comportement similaire à sa première sale bestiole. Bref, si l’on a à cœur le fait que The Terror est avant tout un survival, le point le plus important de l’histoire est donc une franche réussite, car la menace est crédible, fait peur et agit avec intelligence depuis les ombres. On pinaillera juste comme des vilains en regrettant que certaines animations puissent être perfectibles.

PhotoCette scène est JOUISSIVE

ÉRÈBE, DIEU DES TÉNÈBRES

Les deux autres aspects primordiaux que sont l’ambiance et les personnages constituent tout autant de claires réussites. La photographie nous plonge alternativement avec succès au cœur des ténèbres polaires, sous les aurores boréales ou dans les tréfonds grinçants et craquants des cales de l’Erebus et du Terror, désespérément prisonniers de la glace comme deux mouches engluées dans une toile d’araignée s’étendant à perte de vue.

Les différents protagonistes, eux, jouissent toujours d’un travail d’écriture soigné, ayant à cœur de nuancer les psychologies et de donner sa chance et ses faiblesses à chacun, quelle que soit l’importance de son rôle. À ce titre, le casting délivre une partition absolument impeccable, nous proposant de descendre doucement dans la folie avec lui grâce aux subtils changements de tons qu’il parvient brillamment à distiller doucement dans les divers personnages du récit (même le personnage délicieusement insupportable de Tobias Menzies commence à devenir sympa, c’est dire).

Photo The Terror, Adam NagaitisUn étonnant personnage, et l’un des meilleurs.

Non vraiment, on aura beau ergoter, gratter, pinailler, chipoter, ratiociner, il est très difficile d’adresser un quelconque reproche à The Terror. Même la technique souvent lourdaude du flashback explicatif trouve sa place ici et s’insère avec fluidité dans le cours du récit grâce à une utilisation parcimonieuse et pertinente. Alors, il convient tout de même d’être clair : The Terror ne révolutionne pas le genre et ne marquera pas l’histoire des séries, la faute à une réalisation un peu scolaire et à un déroulé narratif un peu programmatique. Mais si le menu est alléchant et qu’il est déroulé avec passion, envie, talent et intelligence comme ici, pourquoi se gâcher le plaisir ? The Terror est un moment bien trop bon à passer pour jouer les pisse-froid. On espère simplement que la série ne se reposera pas sur ses lauriers et continuera d’aller crescendo.

Lino Cassinat

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