À l’occasion de la semaine du court métrage qui s’est déroulée courant mars, Scotchés est parti à la rencontre de Myriam Marienstras, 26 ans, qui termine actuellement son deuxième court « Oui mais non ! » pendant que son tout premier, « L’amour se vit à deux » entame sa tournée des festivals. Dans son travail, cette cinéaste a décidé d’aborder des problématiques telles que la sexualité féminine mais également la façon dont cette sexualité est envisagée au sein de la sté à travers sa représentation fictionnelle. Rencontre avec une cinéaste pleine d’idées, d’humour et d’ambition qui nous donne envie de voir des films et d’en faire aussi !

Élise Saudemont : Bonjour Myriam, pourrais-tu nous présenter en quelques mots tes films et ton projet artistique ?

Myriam Marienstras : Chacun de mes films m’amène à aborder une question différente. Le premier film était focalisé sur l’histoire d’un seul personnage qui est confronté au viol et à la banalisation de celui-ci. Je me suis ensuite orientée vers des problématiques liées aux mêmes questions mais sous un angle différent, ça m’a amené sur les questions de consentement y compris le consentement au sein du couple que je traite dans mon deuxième court-métrage.

Puis le fait d’avoir travaillé sur le deuxième film m’a amenée à m’interroger sur la position de la femme dans la société et comment ça se passe quand un mec te plait, que tu lui dis oui et que tu l’amènes chez toi mais que, au moment venu, t’as plus envie. Ce film s’orientera autour de la question du non-dit.

Tu as choisi de focaliser ton travail sur des questions féministes, pourquoi ce choix ?

C’est venu assez naturellement, déjà parce que je suis une femme et que ce sont des questions qui me concernent forcément, c’est un sujet qui me parle. Ensuite j’ai été assez déçue de ce qu’il y avait sur ces questions-là dans le milieu du cinéma à l’époque où je m’y suis intéressée. Je trouvais ça bizarre que ce soient des hommes qui fassent des films sur des problèmes de femmes. Puis autour de moi j’ai beaucoup d’amies avec qui je discute et je vois que les problèmes et les vécus sont parfois similaires donc ça m’a donné envie d’en parler. Puis au plus tu découvres des vérités, au plus tu as envie de les montrer aux autres.

Pourquoi avoir choisi l’image comme moyen de transmission de tes histoires plutôt que l’écriture ? Qu’est-ce que le cinéma apporte de plus selon toi ?

Ça s’est fait sans trop le prévoir, j’ai écrit beaucoup, j’ai fait du théâtre, des tournages puis je me suis rendue compte que je n’avais pas le tempérament pour être comédienne. J’avais des courts d’écriture de scénario à ce moment-là durant lesquels on devait mettre en place tout un univers, où on cherchait à trouver des situations.

L’écriture prend une grande part dans ton processus de création, comment travailles-tu tes scénarios ?

J’ai une idée de sujet de base et je passe beaucoup de temps à en parler avec les gens, et au final c’est eux qui écrivent l’histoire. Ça va m’inspirer sur l’axe, sur la façon de traiter un sujet spécifique. Ensuite je peux prendre des morceaux d’histoires. Pour les personnages je vais souvent prendre une caractéristique de plein de gens différents et les intégrer aux personnages.

Avant de passer derrière la caméra, tu as donc toi-même été comédienne, sur la scène et à l’écran, tu as d’ailleurs une façon très spécifique de préparer tes acteurs. Peux-tu nous parler de ton parcours de comédienne et en quoi celui-ci influence ton travail ? De quelle façon prépare-tu tes acteurs ?

J’ai fait des écoles de théâtre mais j’ai surtout fait des stages avec un professeur qui nous a beaucoup fait travailler l’improvisation. Je trouvais que les comédiens jouaient beaucoup plus juste de cette façon. Concernant ma méthode de travail, je vais d’abord relire le texte avec les acteurs pour voir la façon dont ils comprennent le scénario. Je les écoute parler de leur propre personnage. Puis j’intègre ce qui ressort de ces échanges à un travail de réécriture, je préfère que ce soit les mots des comédiens plutôt que les miens pour que le jeu soit plus réel. Ensuite vient la phase de répétition durant laquelle on travaille sur des morceaux de scènes en improvisation, ce qui permet aux comédiens d’enrichir leur texte et leur personnage. Lors du tournage, je travaille en semi impro c’est-à-dire que les acteurs connaissent leur texte qu’on a en partie réécrit pendant les répétitions mais ils ont une liberté où ils peuvent ajouter des phrases, des réactions, des choses qui leur viennent sur le moment. A ce moment-là, s’ils improvisent, il en sortira forcément quelque chose de juste grâce à tout le travail que l’on a fait avant.

À celles et ceux qui veulent réaliser des courts, tu dis quoi ?

Quand t’as vraiment envie de faire un truc, il faut le faire sans se poser des questions sur ce qui pourrait arriver de mal. Franchement j’en suis à mon deuxième court, j’ai pas fait d’études de cinéma, pour mon premier film j’ai fait une annonce puis j’ai rencontré des gens, je me suis fiée au feeling. Et voilà !  Un premier tournage c’est très difficile mais on apprend beaucoup de nos erreurs, et je pense que quand t’as fini ton premier court, tu continues. Le plus dur c’est de finir le premier. Quand vient le deuxième, tu as appris de tes erreurs et tu évolues dans ta façon de créer. Tes erreurs ont un charme c’est aussi elles qui créent le film mais pour le découvrir, il faut se lancer !

 

Merci Myriam, maintenant allons créer !

Entretien réalisé avec Myriam Marienstras et mené par Élise Saudemont.

Photo en une : Myriam Marienstras sur le tournage de son second court-métrage, Crédit photo: Élise Saudemont.

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